Samedi 11 mai avait lieu notre premier challenge de l’année 2013.( Le récit de JVDB)
La météo qui accompagne les graphiques de marée nous annonce 14 noeuds de vent moyen avec des rafales à 18 noeuds ; Windguru fait de même : 14 à 18 noeuds.
De grand matin, je jette un coup d’oeil sur la Baie d’Audierne et c’est vrai, 14 à 18 noeuds mais plus de 18 que de 14. De nombreux petits moutons le confirment.
Sur le quai de Kérity, notre ami Bernard brandit dans le vent son anémomètre et annonce fièrement Force 2 – force 3 puis tout à coup, une rafale force 8 ; j’en reste coi . C’est autre chose que les 14-18 knts vu à l’aurore sur Internet.
L’un après l’autre, les premiers vaillants capitaines arrivent et l’on commente le temps.
Avec des vagues de 2,50 m et des vents de 14-18 knts ( et force 2 à 8 ), je propose le petit parcours : chenal de Pennarguer, Men-du de Guilvinec et retour et …. vu le potentiel de vitesse des grands bateaux de notre flotte actuelle, je suggère un deuxième tour après avoir viré Men Daniel.
Seulement voilà : les « Phares et Balises » n’ont pas encore équipé Men Daniel d’une balise significative et nous ne pouvons l’accepter comme marque de parcours. Donc on fera un petit parcours allongé à savoir : chenal de Pennarguer, Men du, Basse Nevez, Men du et retour Locarec. OK, mais je ne m’imagine pas faire du près serré dans des vagues de 2,50 m avec un franc-bord de 25 cm . Aussi, je demande un embarquement sur une unité un peu plus grande où je ferai office de lest mobile.
Le temps passe, chacun gagne son bord et je suis passager sur « l’Edel V » JONAS d’Alain. Tandis que Michel grée son « Kelt 29 » ENAWEN à la Poire
A 10h15 effectivement, un bon vent de 14-18 (noeuds ) nous attend près de Locarec et on affute les réglages de voile en attendant le départ fixé à 11 heures.
Une troisième unité sort du port José et FLAMENCO puis fait demi-tour pour cause d’ennui de moteur, puis la VHF nous signale une panne d’oreiller et évidemment plus assez d’eau dans le port, d’autres n’ont pas encore gréé les voiles ou n’ont pas terminé les réglages.
Résultat, nous ne sommes que deux et donc pas de challenge !!! Et dehors ce bon vent de 14-18.
Comme nous avons fait l’effort de hisser les voiles, de les régler, et qu’il n’y a plus d’eau dans le port, on ne peut plus rentrer. Je propose une balade en mer, un piquenique à Lesconil.
Nous partons les premiers avec 200 m d’avance sur le « Kelt 29 » qui aura vite fait de nous rattraper.
Dès que nous quittons l’abri des Etocs, on commence à danser sérieusement.
A hauteur de Spineg, le Kelt 29 disparaît complètement dans les vagues.
Inexorablement, ce beau yacht nous dépasse. En prolongeant quelques surfs, on parvient à ne pas le perdre de vue.
Bientôt, nous avons « Ar Guisty » par le travers. La mer déferle de plus en plus.
Pour détendre l’atmosphère, je raconte que nous avons des amis à Tréffiagat et que pour arriver chez eux, il suffit de mettre « les putains » dans « la charrette » et de suivre l’alignement.
Enfin, pour ne pas trop perdre par rapport au Kelt 29, je suggère à mon capitaine de foncer sur Lesconil en passant à l’Ouest de « Reissant ».
Attention, il y a un méchant caillou à 200m au NW de Reissant, ceci nous rappelle l’aventure de Monsieur de La Pérouse sur les récifs de Vanikoro !!!
Tout à coup, dans une grosse déferlante de l’arrière, on sent le bateau se soulever et partir au surf avec une belle gerbe d’eau de chaque côté à hauteur des haubans. Je suis hypnotisé par le GPS qui s’affole et finit par se stabiliser à 9,50 noeuds. Cela a duré une à deux minutes, pas beaucoup plus, enfin, c’était génial. Et on arrive premier à Lesconil.
Après un frugal repas dans le carré accueillant et super confortable du Kelt, il est temps de rejoindre notre port d’attache.
Toutes voiles dehors, nous quittons l’abri de Lesconil. Le vent a monté d’un cran : il faudrait réduire et envoyer le foc N°1 ; malheureusement, yapa. Alors on prend un ris dans la GV et on garde l’Inter ( le Génois lourd ). On sera déséquilibré, mais tant pis, on fera un moins bon près.
Comme la mer est grosse, on choisit de faire « Route-plage » et de tirer des petits bords.
Nous passons au nord de Lost Moan et du plateau de Karek Hir.
Arrivés dans le chenal du Guilvinec, le vent a encore monté et ce n’est plus 14-18 mais 19-27 noeuds comme me le confirmeront plus tard les spécialistes de la météo.
De temps en temps, le bateau navigue sur son liston. Il est plus que temps de rentrer.
Je me retourne, regarde vers Guilvinec et vois sortir un « Drascombe Lugger » sous foc et artimon ; son skipper s’en va tirer quelques bords dans la boucaille rien que pour le plaisir.
Nous continuons sous voiles jusqu’à la balise « Le Rat », puis tirons un bord hollandais ( grand’voile étarquée et moteur ) vers le port, pendant que ENAWEN, pour une raison mystérieuse, à mouiller l’ancre à la Poire !
Fatigués, mouillés, mais HEUREUX, nous attendons avec impatience le prochain challenge.
( extrait de « Les belles histoires de l’oncle Jacques » )