Samedi 25 mai avait lieu notre troisième challenge de l’année 2013.( Le récit de JVDB)
Samedi après-midi, pleine mer à 17h42, on nous annonce 2,40m d’eau dans le port à 14h00, d’où challenge à 15h00.
Seulement voilà ; un bon vent de N-NW repousse la marée et à 14h30, plus d’une quille chatouillent encore les palourdes des fonds sablonneux.
Enfin, à 14h45, AHELL, JONAS II et MILOU s’apprêtent tout doucement à rejoindre la ligne de départ.
FLAMENCO décline à cause de problèmes de dérive récalcitrante, RUZED COZ 2 sort malgré une dérive également coincée en position haute. A 14h50, il peut enfin hisser les voiles.
A l’exception des deux premiers, personne n’est véritablement prêt, aussi nous décidons de retarder le départ d’un quart d’heure.
Surprise, POUICK-POUICK-POUICK tire quelques bords et vient encourager les skippers des plus petits bateaux. Il est vrai, le vent annoncé N-NW 3-4 mollissant 2-3 est néanmoins costaud.
Pour info, à 15h00, le vent relevé au sémaphore de Penmarc’h soufflait à 19 nœuds avec rafales c.-à-d. un bon Force 5.
PEPE ET L’FAUNE avec un ris dans la voile fonce vers la ligne de départ.
Par gueulophone interposé, nous l’avertissons ainsi que POUICK III que les 6 minutes seront bientôt données par Alain sur AHELL (vu qu’ils sont deux à bord avec Vincent).
Mais …….. emportés par leur élan, POUICK III et PEPE ET L’FAUNE passent la ligne non encore ouverte et continuent sans s’occuper des autres voiliers qui attendent le signal.
Sur MILOU, je n’ai pu démêler les cordages, moustaches, sous-barbe et autres bouts qui m’empêchent d’établir le bout dehors. Comme on nous annonce un vent mollissant, je lâche le ris de la GV afin d’avoir plus de toile pour ce premier bord au portant. Après, on verra….
Enfin, le départ est donné, RUZED COZ II, dérive haute pour moins de surface mouillée, suit AHELL et nous montre la route vers Spinec.
ENAWEN revenant d’une escale technique à Loctudy, rejoint le challenge et passe la balise en même temps que RUZED COZ II. Nous pourrons donc calculer son handicap pour le tronçon manqué.
Au près serré, JONAS II semble plus à l’aise que MILOU dans une mer de plus en plus grosse et s’apprête à lui ravir sa 4ème place ; malheureusement, une mauvaise vague lui brise son safran et il doit abandonner.
Au premier virement de bord, MILOU se rebiffe, ne veut pas continuer, pirouette deux fois et même, fait marche arrière ; il est plus que temps de lui faire comprendre qui est le maître à bord.
Peu après Nevez, je croise POUICK III et PEPE ET L’FAUNE qui rentrent au port et à 300m au vent, RUZED COZ II, magnifiquement toilé tire des bords carrés à cause de sa dérive toujours coincée.
Distrait par cette rencontre, je manque à virer, puis sur le bord suivant, je suis en route collision avec un petit bateau de pêche à la dérive ; j’abats légèrement et passe à 2 m de son étrave ; les pêcheurs en oublient de dandiner la ligne et me regarde disparaître dans les embruns.
Les bords de près se suivent et sont de plus en plus pénibles : je commence à avoir sérieusement mal aux mains, aux bras, aux jambes et aux fesses à force de rester sur le liston ; ce n’est plus vraiment de la plaisance.
J’approche de Cap Caval et recroise RUZED COZ II à 100m au vent. Cela m’encourage, je regagne auprès ce qu’il me gagne en vitesse. Au bord suivant, plus que 50m nous séparent, mais la balise est là et il va virer.
Encore un petit bord et mon purgatoire sera fini ; RUZED COZ II a viré, je suis à 25m de la marque de parcours mais décidément, les dieux ne me sont pas favorables. Devant moi, un bateau de pêche me barre la route et descend lentement vers le SE. Je suis obligé de virer et retourner d’où je viens. Après 2 à 3 minutes, je revire et me retrouve à nouveau coincé par l’olibrius qui lui aussi a viré et remonte lentement vers le NW.
Afin de me dégager de ce mauvais coucheur, j’abats en grand, passe derrière lui et file au large en espérant qu’il ne revienne plus. Au passage, je reconnais cet ectoplasme qui l’an dernier au même endroit et également par mer bien formée m’avait emm…. avant de pousser les gaz et de foncer sur Le Guilvinec.
Après environ 200m, je peux enfin revenir vent de travers et virer la balise.
RUZED COZ II n’est plus qu’un petit point blanc à l’horizon du côté de Nevez.
Enfin du vent portant, c’est même du vent arrière ; le bateau roule, le foc ne porte pas, l’artimon est collé sur son mat, dérive relevée, cela devient dangereux, je n’ai pas de bôme de GV, donc pas de hâle bas de bôme, je risque l’empannage chinois.
Je lofe légèrement et tire des bords vent arrière ; du coup, le bateau accélère et surfe de vague en vague. C’est le paradis après l’enfer. Je récupère le GPS qui a atterri dans le fond du bateau et l’installe bien en vue : les chiffres défilent : 6 nœuds, 7, 8, 9, 9,5 et enfin se stabilisent pendant quelques longues secondes à 9,9 noeuds.Je verrai plus tard que le GPS a enregistré une vitesse maximum de 10,5 nœuds.
Puis c’est Nevez laissé sur bâbord, puis après Raguen 2 derniers bords de près serrés et c’est FINI.
Je suis crevé!
En rentrant, je vois RUZED COZ II qui m’attendait à la Poire. Cela me fait chaud au cœur, tout de suite, je me sens mieux.
Moteur en avant lente, MILOU tient son cap ; cela me permet d’affaler la GV et de mettre un peu d’ordre à bord.
Arrivé à la cale avec l’annexe, je suis vraiment fourbu. Les deux Alain et Vincent me prennent en charge et me remontent sur le quai.
Merci, merci les amis.
PS : Entre nous soit-dit, j’en ai bavé !
(extrait de « Les belles histoires de l’oncle Jacques)