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La Ponantoise Nord – le livre de bord d’ENAWEN

Retour à la Ponantoise Nord

1er jour : mercredi 23 septembre 2015 : « Le grand départ »

Une quinzaine d’amis du VdE s’étaient succédés sur le quai afin d’assister aux derniers préparatifs.

Après être sortis du port, nous commençons par faire de l’ouest au moteur pour pouvoir ensuite caper direct sur le Raz de Sein à la voile

Une bonne brise nous permet alors de remonter la baie d’Audierne à 4-5 nœuds puis bientôt à 5-6

Arrivée au raz à 18h où le temps se couvre après une après-midi ensoleillée

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C’est à 19h que nous arrivons dans le port de l’île de Sein où nous sommes accueilli à l’entrée du chenal par un dauphin qui nous accompagne jusqu’à ce que nous ayons mouillé nos ancres.

Dîner à terre au Tatoon, un café et au lit

2ème jour : «le grand bord à donf  !»

Départ de Sein à 9h20 sous un ciel couvert qui se dégage en fin de matinée. Un vent de 4 à 5 beaufort nous permet de rejoindre la pointe Saint Matthieu au travers en 3h à presque 6 nœuds de moyenne.

20150924_193143Nous embouquons alors le chenal du Four, laissons le Conquet sur tribord pour aller s’amarrer sur filière dans l’Aber Ildut.

Une ballade-bière à terre, puis nous revenons à bord d’ ENAWEN nous régaler de tourteaux préparés par Vincent.

3ème jour : « le rase cailloux »

Départ de l’Aber Ildut sous le soleil, mais avec un NO de 2B qui tournera N dans la matinée. Eole est en panne, nous utilisons la risée gasoil et mettons le cap sur le phare du Four.

20150925_110602La marée est basse, qu’importe, l’occasion est trop tentante de faire route terre et de passer au plus près de la côte en empruntant le chenal méridional de Portsall puis de continuer par celui du Relec jusqu’à l’embouchure de l’Aber Wrac’h.

Spectacle magnifique que celui de la houle déferlant sous le soleil sur les roches que nous traversons.

2 places mitoyennes nous accueillent aux pontons de l’Aber Wrac’h. Ce soir ce sera soupe de poissons et moules-frites à la crêperie Ty Billig ar Mor.

4ème jour : « Face au vent »

Pendant que nos habituels camarades de jeu préparent un Challenge à Kérity, le nôtre est de rallier l’île de Batz, distante d’une 30aine de milles avec un vent d’Est droit dans le nez et d’arriver dans le chenal avant la renverse de 17h37

20150926_183124Autre challenge à relever, comme nous voulons mouiller dans le petit port de Kerloc’h qui assèche grave à chaque marée, où faudra t’il se poser pour pouvoir repartir à une heure raisonnable le lendemain ? Les résultats de savants calculs faisant intervenir les heures d’arrivée et de départ, la hauteur d’eau, le coeff, le marnage, le tirant d’eau et même la notion de mi-marée pour certaine sont comparés entre les 2 équipages

Nous tirons ensuite une bordée à terre pour une bière et des crêpes à la Crêperie du Port

Puis retour à bord, les pieds dans la vase en portant l’annexe et son moteur 🙁 pas cool

5ème jour : « le talonnage »

Nous quittons notre mouillage à 8h pour finir de se préparer à l’extérieur du port de Kernoc’h et après être sortis du chenal de Batz, mettons le cap à l’est sur Trébeurden avec un vent … d’est.

Après avoir pris du Nord pour s’écarter de la côte (et éviter l’Armorique qui part sur l’Irlande) nos 2 voiliers font route sur la pointe de Primel en suivant des routes parallèles.

A 11h un appel de MAX retentit sur le canal 6 « Venons de talonner sur une roche, sommes bloqués dessus », puis « Sommes repartis, mais le gouvernail est bloqué, ne sommes plus manoeuvrants »

Sur ENAWEN on démarre aussitôt le moteur, on roule le génois et on se dirige vers MAX, distant d’environ 1 mille nautique après avoir prévenu « je fais route sur vous, vérifiez les fonds et actionnez les pompes de cales si besoin »

Réponse « A priori pas de voie d’eau, mais safran et dérive bloqués »

ENAWEN ayant affalé sa grand-voile arrive sur MAX et commence à faire des cercles autour de lui en préparant une aussière de remorquage et lui indiquant par VHF la manœuvre envisagée

20150927_115712L’amarre est lancée, récupérée, assurée, puis ENAWEN met MAX face au vent pour lui permettre d’affaler sa GV, puis fait route sur ROSCOFF (port de Bloscon).

Une heure après, appel de la capitainerie pour demander assistance pour entrer dans le port, un zodiac (piloté par Cyril, un ancien de l’élévateur du Guil 🙂 ) vient alors s’amarrer à couple de MAX pour l’amener à un ponton

A 13h MAX est en sécurité et ENAWEN se repose au ponton visiteur

Rendez-vous est pris immédiatement pour un grutage de MAX le lendemain à 9h, qui permettra d’évaluer les dégats.

Et c’est sur MAX que les 2 équipages se retrouvent pour déguster un « énorme » lieu pêché la veille par Vincent en débriefant, cartes et trace GPS à l’appui, cette fortune de mer qui se termine bien sans blessé ni perte ni humaine ni de bateau.

Et le soir sur ENAWEN une omelette de Roscoff, nouvelle spécialité de Natacha.

Post-sriptum : le talonnage a eu lieu sur le Pot de fer, vraisemblablement sur une roche nommée la Goëlette, roche sous l’eau sur laquelle MAX a du talonner à la faveur d’un creux d’une forte houle de 2 à 3m. à cet instant

6ème jour : « le grutage de MAX »

20150928_093630Tout le monde est sur le pont pour regarder MAX s’élever dans les airs sous le portique et nous laisser découvrir ses dessous

  • le safran fait un angle de 30° sur tribord, mèche tordue
  • la dérive fait un angle de 30° sur babord, pliée en sortie du saumon
  • la coque est râpée sur tribord avant sous la ligne de flottaison, fibre apparente par endroit, délaminage possible, petits suintements

Les chocs ont donc été multiples et de différents bords

7 et 8ème jours : « l’expectative »

20151001_152758Ces 2 jours sont consacrés pour MAX a des appels à l’assurance, à l’expert maritime, à la visite des chantiers navals (inox, tôle, stratification) pour avoir leurs avis et leurs délais pour réparation provisoire ou définitive. Les délais s’étalent alors de nov 2015 à mai 2016 avec des propositions sur Roscoff, Carantec ou Morlaix.

Quant aux équipages c’est visite de Roscoff, son vieux port, ses bars et comparaison de ses différents restos

9ème jour : « le grand espoir »

C’est le grand jour avec la visite de l’expert à 14h et le verdict tombe : vous pouvez faire redresser la mèche de safran et la dérive, remettre à l’eau et rentrer prudemment sur votre port d’attache.

Le moral a toujours été bon, mais là il fait encore un bon vers le haut.

Appel d’un chantier pour travaux le jour même, prise de RV à la capitainerie pour remise à l’eau le lendemain, tout est fait dans la foulée

Même la météo est avec nous, puisque après une semaine entière de gros temps (force 5 rafales à 6 et moult BMS) une fenêtre semble s’ouvrir pour le WE, ce qui nous permettrait de faire une ou 2 étapes sur le retour avant un nouveau coup de vent (rafales à 8) annoncé pour dimanche soir

10ème jour : « retour à la réalité ou la grande désillusion »

8h30 arrivée du chantier avec la dérive « redressée » soulèvement du bateau pour l’enfiler, elle bloque à 20cms du haut, puis il apparait que suite au contact téléphonique du chantier à l’expert celui-ci a changé d’avis et s’est laissé convaincre que le mal était plus profond qu’il ne l’avait estimé et que la remise à l’eau était inenvisageable sans une longue réparation !!! bizarre ! bizarre !

Réorientation donc vers une étude de solution de rapatriement de MAX à Pont l’Abbé par la route.

PN Michel (231) (Copier)Moral à nouveau en légère baisse, heureusement atténuée par l’arrivée de Franck, Aline et Hénaff (ouaf) de passage dans le pays léonard.

Un pique-nique pris tous ensemble au soleil dans le cockpit d’ENAWEN rétablit la bonne humeur, suivi d’une visite reposante du jardin exotique et botanique de Roscoff, puis d’un repas du soir dans un resto non encore testé

11 et 12ème jours : « les vacances »

Puisque la prochaine fenêtre météo ne se profile que pour mercredi prochain, nous décidons de profiter de notre base de ROSCOFF pour visiter les pays Léonard et Trégorois et louons une voiture pour les 4 jours à venir

Pour cette 1ère escapade nous décidons de remonter la baie et la rivière de Morlaix (bé ouais ! par la route ! pffff !) par St Pol de Léon, Carantec où Natacha s’offre un bain sur la plage de la Grève blanche, puis Locquénolé et Morlaix que nous visitons dans tous les sens du Viaduc à la vieille ville pour finir par une soirée cinéma (Marguerite) après avoir dégusté 3 délicieux bars entiers au Viarmes

PN Michel (300) (Copier)Dimanche c’est reparti, direction la vallée des 1000 saints près de Carnoët où nous allons rendre hommage à la statue de Sainte Thumette (Tunvez) dressée sur le site depuis l’avant-veille et notre patronne à plusieurs titres puisqu’elle veille à la fois sur Kérity et sur les marins (dimanche elle devait être en congés 🙁 )

Ensuite cap sur le lac de Guerlédan, à sec depuis fin mai et qui attend sa remise en eau (ciel couvert, vent glacial puis pluie)

Retour à Roscoff pour une soupe de poisson bien méritée et des pâtes à bord … d’ENAWEN

13-14 et 15ème jour : « le bout du tunnel ? »

Tout s’accélère, l’expert, l’assurance, le transporteur, tout le monde semble avoir pris conscience que nous souhaitons réellement repartir

20151005_154307Sur MAX on range le pont et les soutes pour le transport par la route, sur ENAWEN on prépare la cabine des invités pour les accueillir comme il se doit.

Mardi soir, Vincent et Natacha font même le test d’une première nuit passer à bord « pour voir »

Rendez-vous est pris pour démâter et déposer la dérive mercredi matin, puis ensuite enfourner dans la cabine la bôme et la grand-voile, l’annexe, le safran, le moteur etc… etc…

Partirons-nous jeudi matin ? Tous les espoirs sont à nouveau permis à notre 11ème jour d’escale

16ème jour : « le nouveau départ »

Après 10 jours d’escale à Roscoff, la Ponantoise Nord reprend la mer.

9h20, ENAWEN largue les amarres, abandonnant provisoirement son camarade de jeu sur le slipway.

Vincent et Natacha, ayant testé depuis 2 nuits la cabine avant d’ENAWEN et s’en trouvant apparemment satisfaits, viennent compléter l’équipage.

Force 2, rafales à 1 (ou le contraire) avec du O-SO, c’est au moteur que nous nous aprêtons à parcourir les 34 milles nautiques nous séparant de l’Aber Wrac’h.

PN Michel (389) - Copie (Copier)Après le chenal de Batz, toujours aussi magique, c’est une bande de dauphins, en face de Brignogan qui pendant une ½ heure, nous font un véritable festival de courses effrénées, de saut hors de l’eau et de passage sous le bateau.

Aber Wrac’h, ponton, douches, resto, dodo

17ème jour : « c’est quand même la Ponantoise »

Vincent prend la barre d’ENAWEN pour remonter l’Aber Wrac’h contourner le petit Pot de Beurre et faire cap sur Ouessant (une île du Ponant) sous voile à 5-6 nœuds avec une bonne brise par le travers.

PN Michel (434) - Copie (Copier)Nous arrivons au phare de Kéréon à la renverse de pleine mer pour passer le mythique et redouté passage du Fromveur jusqu’au phare de la Jument, avant de rentrer dans la baie de Lampaul

Les 19 bouées visiteurs sont … toutes libres et nous serons jusqu’au lendemain matin le seul voilier en escale

Gonflage de l’annexe et route terre pour un p’tit resto avant de retourner à bord pour une nuit réparatrice éclairée régulièrement par les éclats des nombreux phares entourant ce lieu particulier à la pointe (finis terrae) du vieux continent avec ses paysages majestueux, ses hautes falaises et où l’on prend pleinement conscience de la puissance des éléments tels que le vent et la mer.

18ème jour : « encore une île du Ponant »

Après avoir remonté l’annexe sur la jupe arrière, départ à 9h pour une journée qui s’annonce « hard »

Un vent d’est, annonciateur de route au prés, de force 5B avec des rafales à 6B, nous incite à prendre dès le départ 2 ris dans la grand-voile et 3 dans le Génois (qui ressemble ainsi à un mouchoir de poche)

La houle et la mer du vent se contrarient et nous créent une mer croisée, hachée avec des vagues hautes mais courtes qui sont dures à négocier. ENAWEN gite fort malgré la toile réduite et tape dans chaque creux, il est cependant bien équilibré et la barre reste relativement douce.

Les 30 milles sont parcourus en 5 heures, au près à plus de 6 nœuds de moyenne 🙂

Les phares sont nombreux au large du Finistère, après avoir contourné LA JUMENT, laissé les PIERRES NOIRES sur babord nous apercevons AR MEN sur tribord avant de nous diriger vers le grand phare de l’ÎLE de SEIN.

Nous mouillons à l’ancre en face du quai des Français libres et après avoir déjeuné à bord descendons à terre avant de retourner à bord pour le dîner de gala de fin de croisière : soupe de poissons, foie gras, mousse au chocolat 🙂

19ème jour : « retour maison »

Un zodiac étant venu mouiller près d’ ENAWEN et ayant quitté le bord en laissant lumières, VHF, et radio allumées, c’est après une nuit en musique que nous quittons Sein pour effectuer notre dernière traversée qui nous ramènera à Kérity.

PN Michel (476) - Copie (Copier)Le même vent que la veille en force et direction nous permettra une belle descente de la baie d’Audierne et ce n’est qu’en vue du phare d’Eckhmül que le vent faiblissant nous pourrons renvoyer toute la toile pour retrouver 3 voiliers du Vent des Etocs qui nous font la très agréable surprise de venir à notre rencontre.

Nous rentrons donc dans le port accompagné par Marc et RUZED COZ 2, Yannick et Brigitte sur ESPRIT DE SEL et Gilles et Annie sur LOCMARIA V. Sur le quai, c’est Jean-Paul, Bernard, Jacques, Dorothée et Loïsa entre autres qui nous attendent.

Cet accueil nous fait chaud au coeur et nous nous retrouvons bien vite autour d’un verre à notre annexe préférée.

En guise de conclusion, quelques réflexions personnelles

  • malgré le soleil présent 17 jours sur 19, la Manche est plus « dure aux miséreux » quand arrive le mois d’octobre. Mieux vaut partir le plus tôt possible début septembre.
  • les avis de grand frais et de coup de vent qui se sont succédés tout au long de la semaine du 28 sept nous auraient bloqués au moins 8 jours à l’étape suivante de Trébeurden et il est probable que nous n’aurions pu aller guère plus loin que Ploumanac’h ou Perros-Guirrec
  • L’importance d’une veille hyper vigilante de la route au GPS a pris à nouveau toute son importance
  • Pas de blessés ni de perte humaine ou de bateau sur une fortune de mer la transforme aussitôt en simple incident formateur
  • Quand on tombe de cheval, il faut remonter tout de suite sur la bête, donc nous repartirons pour une « Ponantoise Nord Bis » en mai 2016. Si vous voulez en être … 🙂

Michel, skipper d’ENAWEN

Retour à la Ponantoise Nord


2 commentaires

  1. « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité. » Alfred de Musset
    « De l’eau douce à l’eau salée, il n’y a qu’un bord à tirer » Michel L. 🙂

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