Il était déjà arrivé au Vent des Etocs de rentrer d’une croisière avec un voilier en moins (voir le récit de la Ponantoise Nord), mais nous avions toujours ramené les équipages en totalité.
Et bien maintenant ce n’est plus le cas, mais en ce lundi 1er août nous ne le savons pas encore et une joyeuse troupe s’affaire sur le port de Kérity.
C’est pour une Avénoise de 5 jours que 3 voiliers se préparent avec pour objectif de remonter l’Aven jusqu’à Pont Aven afin d’y visiter le musée qui a ré-ouvert ses portes en début d’année après 3 ans de fermeture pour travaux.
- ENAWEN skippé par Michel quitte sa bouée à 13h45
- GWENN HA GLAZ et Jean-Michel ont du mal à se résoudre à se séparer du quai.
- Sur ZEBULON Dorothée et Gilles tentent de rattraper ZOU (la jeune labrador) qui au démarrage du moteur a bondi sur la jetée pour rentrer à la maison.
3 autres voiliers nous font l’honneur de nous accompagner sur les 1ers milles
- COMPER avec Gilles et Jean-Paul
- BRIDAN 2 où Daniel D. a embarqué notre ami Nanard
- et RUZED COZ où Florence fait toujours confiance à Marc
A 14h15 tout le monde est enfin sorti du port et les 6 voiliers font cap à l’est par petite brise de ouest-sud-ouest qui nous autorise les 5 nœuds.
BRIDAN 2 et COMPER se la « jouent grave » en envoyant leur spi, quand nous croisons Alain B. et Daniel G. sur AHELL qui rentrent de Concarneau.
A 15h15 les 3 voiliers accompagnateurs font demi-tour devant Guisty et nous abandonnent « lâchement ».
Le vent forcit en face de Lesconil, sur ENAWEN on met les voiles en ciseaux, génois tangonné pour dépasser les 6 nœuds (une pointe à 6,8 nœuds sera même enregistrée sur GWENN HA GLAZ)
Arrivée à 18h40 à Concarneau où la capitainerie nous attribue 3 places aux pontons visiteurs.
S’ensuit un vote démocratique qui envoie Gilles aux fourneaux pour nous préparer un plat de saucisses pommes de terre sautées qui sera précédé sur ENAWEN d’un apéritif « honnête » et suivi de digestifs des pays de l’est variés mais en quantité « raisonnable »
Mardi 2 août : nous quittons Concarneau à 10h15 avec un vent bien établi au OSO de 4 à 5 Beaufort qui nous permet de caper au 160 à 3,5 nœuds puis qui forcit, nous amenant à 6 nœuds avec 3 ris dans le Génois.
A 11h40 nous contournons la pointe de Trévignon, passons entre l’île Raguenez et l’île Verte à 6,5 nœuds pour atteindre Port Manec’h à 13 h. Nous pouvons alors entamer la remontée de l’Aven au moteur.
Une tradition, initiée par Marc et Michel lors d’une précédente croisière en 2015 et qui consiste à s’échouer malencontreusement sur un banc de sable est à nouveau respectée, cette fois par les 3 navires.
On rigole un peu, on jure beaucoup, on essaie n’importe quoi pour se dégager jusqu’à ce que les forces combinées du moteur, du courant et du vent font se rencontrer malencontreusement l’étrave du navire X contre le tableau arrière du navire Y. (les noms complets des navires X et Y peuvent être envoyés gracieusement contre un chèque adressé au Vent des Etocs).
Malgré tout la remontée de l’Aven est toujours aussi magique, nous suivons le balisage, allant d’une rive à l’autre en admirant les châteaux et manoirs qui bordent la rivière.
En arrivant au cœur même de Pont Aven, nous pouvons, comme à l’accoutumée choisir nos places et en prenons 3 contiguës avec une échelle pour ZEBULON afin de rejoindre le quai.
C’est sous le soleil toujours présent que nous nous précipitons à une terrasse de café afin de prendre qui un café, qui un apéritif anisé. Le reste de l’après-midi est consacré à une ballade dans Pont Aven, avec visites de quelques galeries de peintures pour certains et de boutiques pour certaine.
C’est à nouveau sous le bimini du cockpit d’ENAWEN que se prend l’apéritif et dans le carré qu’est dégustée la Paëlla de Gilles.
A marée haute nous sommes alors au niveau du quai et de nombreux promeneurs ne manquent pas de lever un verre imaginaire à notre santé tout en photographiant ZOU sur ZEBULON.
Le dîner s’étant prolongé fort tard, nous nous trouvâmes fort dépourvus quand la marée basse fut venue.
Et c’est ainsi que Jean-Michel dut rejoindre son bord pieds nus dans la vase du lit de l’Aven.
Mercredi 3 : la journée devant être consacrée à la visite du musée, nous décidons donc de la commencer par une grasse matinée prolongée, choix d’autant plus judicieux que la pluie est arrivée et tombe sans interruption.
C’est à 11h, alors que Jean-Michel et Michel sont levés depuis longtemps, que le panneau de pont de ZEBULON coulisse et laisse apparaître Gilles et Dorothée. ZOU, ayant alors exprimée le besoin pressant d’aller à terre, Gilles et Jean-Michel lui confectionnent un harnais et la hissent sur le quai, 3 mètres plus haut, les bateaux étant posés à marée basse.
Et c’est alors que tout bascule. Dorothée, sollicitée pour envoyer la laisse de ZOU, glisse dans le cockpit humide et tombe sur le côté gauche. Son cri de douleur fait sursauter Michel qui d’un bond passe d’ENAWEN à ZEBULON pour constater que l’angle formée par le coude gauche de Dorothée laisse fortement présumer qu’il est déboité.
Elle est donc immédiatement immobilisée par lui et placée dans une position d’attente. Dans les minutes qui suivent, Gilles passe un appel au 18 et « l’opération sauvetage » qui va durer 2 longues heures commence.
Nous voyons intervenir par arrivées échelonnées 4 véhicules de secours dont un des pompiers maritimes avec leur zodiac, 10 pompiers de Pont Aven et Riec dont 1 infirmier-secouriste et 4 plongeurs en tenue, avec sécurisation du quai sur plus de 30m.
Mise sous bâche de l’ensemble Dorothée-Michel pour sauver le peu encore sec, anesthésie au gaz « qui fait rire » (Dorothée seulement), attelle d’immobilisation, civière d’évacuation par la rivière, soins dans l’ambulance et transfert vers le Centre hospitalier de Quimper resteront surement pour Dorothée un souvenir fort de Pont Aven.
Il est 14h30 quand les 3 skippers rescapés se retrouvent seuls devant … leur reste de paëlla.
Des nouvelles de Dorothée nous arrivent tout au long de l’après-midi, jusqu’au diagnostique final de luxation et la remise en place de l’articulation vers 19h30.
Après avoir envisagé, pour se remettre de leurs émotions, une retraite spirituelle à la chapelle de Trémalo, puis une descente à la pension Gloanec, c’est finalement au musée que les 3 skippers esseulés décident de tenter d’oublier leur chagrin.
Le remède s’avère efficace, mais la richesse et le nombre des œuvres présentées nécessitera sans nul doute une voire plusieurs nouvelles visites.
Il fallait ensuite reprendre des forces, ce qui fut fait, toujours à bord d’ENAWEN, avec un plantureux cassoulet au porc cuisiné à la graisse d’oie de notre amie la Belle Chaurienne.
Lors du briefing traditionnel du soir des skippers, décision est alors prise de rentrer le lendemain directement sur Kérity.
Jeudi 4 : départ à 8h10 pour rallier notre port d’attache distant d’une 30aine de milles. GWENN HA GLAZ ouvre la marche suivi de ZEBULON, ENAWEN faisant voiture balai. Nous naviguons au soleil, pour une descente sur une eau sans ride, traversant les nappes de brumes matinales qui flottent sur l’onde.
Le passage de la « zone à échouage » se fait sans problème, en effet la veille un des pompiers voileux nous a indiqué que les bancs de sables s’étant déplacés, il fallait éviter de longer les bouées de chenal vertes !
50 minutes plus tard nous arrivons à l’embouchure et comme prévu le vent est plein ouest pour faire cap au 270°. Le trajet se fera donc alternativement en tirant des bords à la voile et en se recalant sur la route au moteur.
Après être passés entre les Glénan et les Moutons, c’est en face de Lesconil que le ciel s’obsurcit brutalement, nous amenant un vent violent sous orage qui nous oblige à réduire la toile. Pendant 30mn ENAWEN navigue à plus de 6 nœuds sous 3 ris et fortement gité. Sur ZEBULON le point d’écoute de grand-voile se détache et oblige Gilles a affaler pour continuer au moteur. GWENN HA GLAZ lui, choisit prudemment de faire route au large pour ne pas se préoccuper en plus de gérer les hauts fonds.
C’est en arrivant devant Le Guilvinec que le canal 6 de la VHF s’anime des appels des voiliers du VdE qui sortent du port pour venir à notre rencontre, Daniel D. et BRIDAN 2, AHELL et Alain, AR MEN de l’autre Alain, AZEN KAOUEN et Daniel et plusieurs autres.
Gilles rejoint alors directement le quai pour retrouver Dorothée plâtrée, sortie le matin même du Centre Hospitalier, pendant que Michel et Jean-Michel tirent leurs derniers bords dans les Etocs avec la flotille du VdE.
En conclusion l’Aven reste magique, le musée de Pont Aven est absolument à voir, les équipages du VdE ont à nouveau fait preuve de leur capacité à bien réagir à tout incident. Merci Dorothée de nous avoir donné l’occasion de le prouver. 🙂
Encore un super récit et une « belle » aventure qui n’est pas sans me rappeler ma fin de séjour en pays Bigouden : je me suis cassé la clavicule 🙁
Vivement l’année prochaine !!!
Bon vent, et bon rétablissement à Dorothée 🙂
Pierre-Henri
Beau récit et belles photos comme d’habitude. Plus captivant que ma « grandpèroise » . Souhaite bien sûr qiue Dorothée ne garde pas que le mauvais souvenir de sa chute et qu’elle s’en remette au plus vite.
Amitiés
Daniel
LE VDE fait le Buzz! Dorothée on en demandait pas tant :-)…
Bon rétablissement à toi!
Gilles M.
Quelle aventure !
bon rétablissement à votre équipière
Amicalement à tous
Papy