Convoyage de KERVILY / Django 7.70 de Claude et Pascale Nobile du 11 au 19 août 2019
Comme en 2018 pour le rapatriement de « BRIDAN III » et « BLANJUME » sur Penmarc’h, l’esprit d’entraide du VdE trouve une nouvelle occasion de se retrouver entre 2 eaux. En effet, l’accompagnement de Claude pour ramener son « KERVILY » de Dahouët à Kérity nous fera naviguer entre Manche et Océan Atlantique sur une dizaine de jours ! Et Michel et Daniel se sont portés volontaires pour cet accompagnement.
Samedi 10/08 : cette aventure commence par le trajet routier de l’équipage grâce à la dévouée participation de Pascale et de Marie, respectivement épouse et cousine de Claude, qui feront presque 500 km aller et retour Kérity-Dahouët-Kérity dans la même journée. Les bagages et les énormes provisions auront un peu de mal à trouver tout de suite leurs places sur le Django … mais la logistique se met rapidement en marche pour que chaque chose trouve son emplacement et que chacun ait son intimité.
Fonction des statures, la distribution des cabines est faite en proportion de la taille des portes : Claude dans la cabine avant avec une ouverture de 70 cm, Michel dans la cabine arrière-tribord avec 45cm et Daniel dans la cabine arrière-bâbord avec 30cm. Autant dire que les exercices quotidiens de contorsion seront plus difficiles pour certains que pour d’autres ! Mais chacun sous sa couette trouvera le sommeil réparateur à cette journée de transition après un dîner au Bar de L’échouage suivi d’un petit Rhum digestif. Le bruit de la fête de « La Pauline », vieux gréement de Dahouët, qui égaille les quais jusque tard dans la nuit … n’empêchera personne de passer une bonne nuit.
Dimanche 11/08 : c’est le jour J, le « KERVILY » a des fourmis dans les voiles, il est prêt à larguer les amarres. Mais ce ne sera que pour l’après midi car l’avant-port est à sec en cette matinée. Le départ n’étant prévu que pour l’après midi on pensait faire une « grasse mat », mais une alarme de batterie d’instruments alimentés par panneau solaire s’est manifestée à 7h30 ! Pas grave, il y avait du temps à passer au ménage et au rangement !
Maintenant c’est l’heure H, 14h30, on quitte le ponton. Dès la sortie du port, on sacrifie à la tradition maritime de couper 3 fois son sillage lorsque l’on change le nom d’un bateau pour conjurer le mauvais sort. Il s’agit de tuer le Macoui, serpent de mer qui suit le bateau durant toute sa vie.
Une mer un peu agitée et un vent d’Ouest seront les conditions de navigation qui permettront de voguer au près pendant plus de 3 heures avec quelques virements de bord pour ne pas s’ennuyer. Puis ce sera la nécessité du moteur pour arriver vers 20h30 à la Chambre de l’Ile de Bréhat. On constate une fuite au lavabo … ce qui forcera à restreindre l’usage de l’eau pour le reste du voyage. On sera donc économe.
Lundi 12/08 : une bonne nuit et un bon départ à 9h30 nous fait démarrer dans la bonne humeur. Ça marche vite et bien au début et ça trace avec des pointes à 8 voire 9 nœuds toujours au près serré. Mais le cap doit souvent être rattrapé par l’usage du moteur et ce n’est que par une alternance entre voiles et moteur qu’on finira par arriver pas trop tard à Trébeurden.
Mais ce sont surtout les conditions de mer fortement agitée qui perturbent l’équilibre de l’équipage. Claude donnera de sa personne … en nourrissant les poissons avec une purée de banane indigeste. Les appareils digestifs reprendront leurs fonctions normales devant les délicieuses crêpes au noms évocateurs de Christophe Colomb, Surcouf et autre Jean Bart à la crêperie Ty Goëm. Un rhum réconfortant étant même généreusement servi au domicile des enfants de Michel.
Mardi 13/08 : on quitte le ponton vers 9h30 avec un niveau de seuil favorable. Direction Roscoff, les voiles réduites depuis la veille avec 2 ris dans la grand-voile et un génois rarement utilisé dans sa totalité, il sera nécessaire de ne virer qu’une seule fois pour rallier notre objectif. Les 26 miles seront avalés en 5h30 avec une mer assagie et un vent d’ouest mollissant en fin de parcours.
Une séance d’habillage avec les cirés et les bottes nous a transformés en nounours un peu engoncés … et certains en ont même profité pour hiberner un petit moment ! Le port de Roscoff offrant toutes les commodités du rince-gosier aux douches chaudes, on a profité de bons moments en cette fin d’après-midi enfin ensoleillée. Les spaghettis à la Bolognaise de Pascale ont fait des heureux avant le coucher !
Mercredi 14/08 : jour de relâche imposé par un vent trop fort qui pousse à la prudence. On en profite pour quelques opérations de nettoyage ainsi que pour reconsidérer le planning à venir (jeudi 15/ 08 : l’Aber-Wrac’h, vendredi 16/08 : Relâche pour un nouvel avis de grand frais, samedi 17/08 : L’Aber-Ildut, dimanche 18/08 : Sein, lundi 19/08 : Kerity).
L’après-midi bien que maussade nous autorise une balade dans le vieux Roscoff ainsi que sur la jetée d’accès des navettes à marée basse pour l’Île de Batz. Ça décoiffe ! Et ça bruine aussi, alors une petite halte à l’abri d’une église nous permet d’observer une sculpture sur bois bien particulière. Faute de renseignements précis, on supposera qu’il s’agit de Saint Michel, montrant à ses disciples la bonne pratique pour réaliser correctement un nœud de chaise !
Le soir un dîner au restaurant du port « C’est ici » nous remplit de bonheur par la qualité d’une viande de bœuf exceptionnelle, accompagnée d’un superbe St Joseph. Les patrons commencent à nous connaître, il faut dire qu’on leur laisse un beau petit billet à chacune de nos escales au port du Bloscon.
Jeudi 15/08 : Destination l’Aber-Wrac’h. On débute cette étape au moteur par le passage du canal de l’Île de Batz. Le vent toujours orienté contre nous plein ouest ne nous favorise toujours pas. Alors ce sera une alternance entre voile et principalement moteur de 9h30 jusqu’à 18h30. Malgré une mer agitée, surtout au travers des « marmites » de l’Île Vierge, le pilote automatique fait merveille et tient parfaitement bien le cap. Grand-Voile avec 3 ris, et Génois au 2/3 font avancer KERVILY à 6 nœuds au près avec un vent de 15 nœuds. Au moteur à 3000t/min il est par contre difficile de s’opposer aux courants contraires, la vitesse passant parfois en dessous des 2 nœuds!
Malgré tout, il n’y a pas beaucoup d’activité sur le pont, alors les nounours de l’équipage replongent épisodiquement en hibernation ! L’arrivée au port se passe sans grosse difficulté, la seule anecdote de cette étape sera marquée par la chute de Daniel qui tombera dans le port en déroulant le câble d’alimentation électrique … en reculant ! Déjà qu’en marchant dans le bon sens, il lui arrive des misères … on va finir par croire qu’il les cherche ! Une douche bien chaude sera nécessaire pour le remettre de ses émotions … ce qui sera achevé par le reste des spaghettis à la Bolognaise, partagé à bord dans la convivialité désormais bien installée dans le carré de KERVILY.
Vendredi 16/08 : Comme prévu dans notre planning revu et corrigé, cette journée de vendredi sera «chômée» pour cause d’avis de grand frais. Donc cela commence par une grasse mat qui va nous permettre de largement glandouiller toute la matinée. Si bien qu’au moment de prendre un café au bar, il était déjà l’heure de l’apéro ! Un déjeuner supposé léger dans une pizzeria nous a contraints à abandonner la partie … non pas que nos pizzas ne soient pas bonnes, mais elles étaient énormes !
La solution doggy-bag nous a fait ressortir avec chacun une demi pizza sous le bras … qui seront achevées à l’apéro du soir. L’après-midi fut un peu plus constructive : Michel à ces études comptables pour ses associations, Claude à ses lectures romanesques et Daniel à refaire des nœuds marins. Ce qui donna l’idée de reprendre tous les bouts des pare-battages avec nœud coulant et surliure, chacun y allant de son talent personnel. KERVILY est désormais doté de pare-battages irréprochables !
A noter la météo tempétueuse qui avec force vent et averse nous a bloqués tout l’après-midi et a continué à agiter le port une bonne partie de la nuit. Mais on a bien dormi quand même !
Samedi 17/08 : Lever à 8h00 et départ à 9h40 pour l’Aber-Ildut. Certes le vent est beaucoup moins fort, mais la météo d’hier n’a pas rendu la mer bien calme. Au moteur, comme d’habitude pour contrecarrer le vent dans le nez, nous atteignons avec l’aide du courant le phare du Four vers 11h30.
C’est encore au moteur qu’on franchit à cet endroit quelques beaux remous. C’est probablement l’endroit où l’on peut dire qu’on est entre deux eaux, la rencontre se fait forte entre Manche et Océan Atlantique. A partir de là on se place à 40° du vent et en ayant relibéré 2 ris, KERVILY file sur un seul bord vers L’Alber-Ildut que l’on atteint à 13h30. On est placé par la capitainerie sur le ponton visiteur entre 2 voiliers : celui de nos voisins belges déjà rencontrés à Roscoff et un petit Tequila 128 d’un jeune couple qui avait bravement affronté la tempête de la veille entre Roscoff et l’Aber-Wrac’h : courageux ou téméraires. Le linge qui tente de sécher sur la bôme et les filières témoignent de la quantité d’eau embarquée !
Un petit apéro sympa a été partagé avec eux ! Le reste de l’après-midi consiste comme d’habitude à ranger, nettoyer, bricoler. Parmi les surprises qui ont aussi émaillé la fin de cette journée : la générosité de 2 « petits vieux », sur un petit Feeling, se rendant compte un peu tard que leurs yeux ont été plus gros que leurs ventres, nous offriront leur excédent d’huîtres. Elles nous apporteront une petite mise en bouche bien agréable pour le dîner.
Enfin parmi les rencontres du 3ème type, il faut ajouter l’original « cassoulet » de Claude qui forcera Michel à manger non pas le canard confit avec des haricots, mais avec des lentilles ! La première fois depuis longtemps que son estomac n’avait pas reçu un tel légume ! Il en a même repris un peu … pour faire plaisir !
Dimanche 18/08 : Le jour se lève avec un ciel plus encourageant que d’habitude. Nous ne sommes pas les premiers à partir car un voilier s’est mis à couple de KERVILY hier soir. Le départ pour Sein a lieu vers 9h40 et le moteur sera nécessaire pendant une petite demi-heure jusqu’à ce qu’un vent favorable nous pousse jusqu’à Sein pour y jeter l’ancre à 14h30. Une belle moyenne à près de 6 nœuds!
Une grande première : le gonflage et la mise à l’eau de l’annexe pour aller à terre. Une grande fête devant le bar « Chez Bruno » où nous rencontrerons Yann, l’ex technicien d’Uship à Loctudy, Caroline «la sirène» reconnue par Claude …et enfin nos 2 jeunes du Tequila 128, que nous apprendrons à mieux connaître (César et Gladys) à la fin de notre repas pris au Tatoon. Ils nous blufferont par leur performance du jour en ayant mis le même temps que nous ! Ce fût ensuite le retour à KERVILY via l’annexe, que Claude a abordé de manière fort acrobatique !
Lundi 19/08 : Une nuit à l’ancre bien chahutée qui fera passer une nuit grise à Daniel et Michel et une bien blanche à Claude ! Bon on lève l’ancre aux heures habituelles, on utilisera le moteur pour passer les marmites de Sein et dès 11h00 ce sera un près bon plein avec un vent peu soutenu mais autorisant des vitesses honorables entre 3 et 4 nœuds. On croisera quelques dauphins, mais on manquera la rencontre sur l’eau avec Philippe et Jean Michel venus à notre rencontre sur EON MOR.
La jonction se fera quand même à hauteur de Raguen (il était temps !) et une fois les voiles affalées ce fut l’entrée triomphale sous les applaudissements et les hourras de la foule … dont on ne sait plus si c’est pour la performance du convoyage ou pour l’aubade que nous a une nouvelle fois offert « le bagad du VdE » en l’occurrence nos sonneurs Hélène et Claude Le Garrec !
Enfin, comme le buffet qui clôture chaque aventure d’Astérix, Claude et Pascale ont convié tous les présents à un grand pot d’amitié accompagné de délicieux amuse-gueules au Kouing Palace. Yec’hed mat « Kervilix »!!!
Daniel D.
et en bonus, quelques vidéos
- le Macoui (47s)
- KERVILY en navigation (3mn 17s)
- l’arrivée à Kérity vue du quai (5mn 29s)
- l’arrivée à Kérity vue de KERVILY (5mn 5s)