Dernière croisière de la saison, plusieurs fois retardée, mais cette fois ci ENAWEN et BRIDAN sont bien partis. Ils quittent le port de Kérity ce mercredi 14 octobre pour aller on ne sait pas où, mais vers l’Est et pour on ne sait pas combien de temps, une quinzaine de jours est théoriquement disponible ! Un beau programme !!!
mercredi 14 octobre
Tellement pressés de partir, qu’on se retrouve ce matin à 10h30 en avance sur la marée : pas encore assez d’eau dans le port pour y mettre l’annexe. Une ½ h et un café plus tard c’est bon, l’annexe de BRIDAN charge les 2 skippers et leurs bardas pour ventiler tout ça sur les 2 voiliers amarrés à leurs bouées. On les libère à 12h00 et on emprunte raisonnablement le chenal de Pennarguer. Pas comme la dernière fois, on garde l’ « avenue » principale sans s’égarer dans le quartier mal famé des rase-cailloux !
Un petit vent de Nordet nous pousse lentement jusqu’à la sortie puis c’est avec un virage sur babord qu’on obtient un près serré qui nous accompagnera jusqu’à 14h45. Un seul virement de bord pour caper sur les Glénan et BRIDAN emprunte le chenal d’approche ouest qui longe la zone des Bluiniers. Un bon cap et une belle vitesse … avec une prise de bouée à la chambre comme à la parade pour les 2 bateaux à 18h00.
Apéro et repas pris sur ENAWEN avec raviolis et gâteau « façon pain perdu » à la recette DIAOULIC (merci Claude), bref du bon lest pour rester bien calé dans les couchettes.
Jeudi 15 octobre
Départ à 10h10 après une nuit assez calme mais toujours un peu de clapot qui fait grincer les amarres dans les chaumards. Assez dérangeant pour nuire au sommeil jamais très profond sur BRIDAN. Tandis que la digestion du lest fût un peu difficile sur ENAWEN !
Le vent est présent dés le départ mais on assure quand même la sortie de l’archipel au moteur. BRIDAN bien dans la trace d’ENAWEN talonnera pourtant un peu sa dérive, mais sans autre dégât que le déclenchement des petites vis de sécurité (choc encore inexpliqué !).
Dès la sortie, c’est à une allure de près bon plein que les 2 bateaux filent à plus de 4 nœuds toutes voiles dehors. La vitesse va augmenter continuellement de 4 à 5 et jusqu’à 6 nœuds régulièrement soutenus. Jusqu’à réduire au fur et à mesure le génois et choquer la grand-voile sur laquelle ENAWEN finira même par prendre un ris. Sur BRIDAN la gîte est importante et le pilote est souvent repris en main pour le soulager. Un peu sportif, voir un peu trop ! Bon la récompense c’est que ça finit plus vite et on approche les pontons de Port-Tudy à l’île de Groix à 14h00 avec une moyenne de presque 6 nœuds pour avaler 24 milles nautiques ! Les places sont chères aux catways et ENAWEN fera une tentative d’insertion forcée entre un catway et un 40 pieds. Aïe ça frotte sur la carène fraichement repeinte d’ENAWEN, obligé de renoncer et d’aller plus loin en bout de ponton !
Un apéro-déjeunatoire, un café pris au port, une douche … et on discute de la suite du programme car une ombre noire est apparue sur les bulletins météo dès le début de la semaine prochaine … Cette ombre ce sont les vents forts annoncés de lundi à vendredi qui risquent de nous bloquer plusieurs jours sur les futures destinations. Daniel n’est pas d’avis de continuer, ses impératifs de retour sur la région parisienne pourraient en être sérieusement impactés. Michel, au « bon cœur », renonce alors à poursuivre et la descente plus sud n’est plus de mise. On remonte déjà demain matin sur Port Manech ! Un dîner raisonnable et au lit !
Anecdote : attaque commando sur navette à l’entrée de Port-Tudy et une cartomancienne dans la cabine avant illuminée d’ENAWEN façon chapiteau Pinder.
vendredi 16 octobre
La destination pour Port Manech ne nécessite pas d’appareiller aux aurores et c’est à 10h45 qu’on hisse les voiles. A peine sortis, une allure grand largue nous mène tout de suite entre 3 et 4 nœuds. C’est agréable et on en profite jusqu’à 12h30 où le vent se met à mollir … et il va mollir jusqu’à mourir 1 heure plus tard. On aura été patient mais maintenant ça suffit , puisqu’il n’y a plus le choix, on lance les chevaux mécaniques. On se cale entre 4 et 5 nœuds et on rejoint Port Manech à 15h15. Il fait beau, Michel met son annexe à l’eau et on fait une promenade par le chemin côtier jusqu’à cette belle plage bordée de ces jolies cabanes toutes blanches aux toits d’ardoises. Une cavalière fait faire des exercices de dressage à son cheval qui enchaine plusieurs figures équestres qui s’achèvent par un salut avec révérence comme pour nous dire au revoir. De retour sur nos bateaux, on est au paradis avec un soleil qui fait roussir les petites falaises et une nuit qui tombe tout en douceur.
Et bien ça ne va pas durer. A partir de 11h00 les bouées cognent sur les coques puis un gros clapot issu du courant de l’Aven enflé par les gros coefficients (108 et 115 le lendemain) va faire rouler les bateaux jusqu’au petit matin. Sur BRIDAN, la descente de la dérive atténuera seulement un peu l’amplitude, tandis que sur ENAWEN, Michel se lèvera plusieurs fois pour contrôler amarres et tout ce qui chahute dans et hors de la cabine.
samedi 17 octobre
Au matin, c’est avec l’équivalent d’une gueule de bois qu’on sort le nez dehors : il fait gris, froid et on a presque mal au cœur. Bon allez, c’est parti à 9h45 pour la prochaine escale Port La Forêt.
Un tout petit coup de moteur pour sortir de Port Manech et dès qu’on attaque la pleine mer, c’est parti plein pot avec un vent portant qui souffle régulièrement dans nos voiles en ciseaux pendant 1h30 jusqu’à doubler la pointe de Trévignon. Auparavant on sera passé sans encombre entre l’île Verte et l’île Raguenez.
Ensuite c’est avec un petit virage sur tribord en laissant tout de même à bonne distance des Soldats en débordant Le Dragon qu’un vent de travers bien soutenu nous propulse directement sur Port La Forêt. On atteint des vitesses rarement enregistrées avec l’aide d’une petite houle qui fait surfer nos voiliers. Plusieurs fois des pointes dépassant les 7 nœuds sont enregistrées sur BRIDAN … ça farte pendant encore 1h30. Une moyenne de presque 5 nœuds pour parcourir les 14 Milles nautiques.
Pas de réponse de la capitainerie de Port La Forêt pour nous diriger sur les places visiteurs. On se débrouille tout seul et chacun aura son catway. Petite bouffe, petit café en terrasse, petite sieste, petite douche, petit resto…pas belle la vie ?
dimanche 18 octobre
Une bonne nuit passée au ponton de Port La Forêt et c’est un nouveau départ pas très matinal peu avant 10h00. La sortie par le chenal se fait gentiment à la vitesse autorisée de 3 nœuds et on sent déjà le vent qui nous fait face. Michel en profite comme à l’accoutumée pour hisser le plus tôt possible la grand voile sans perdre de temps aux manœuvres, en choquant finement la bôme pour la placer dans le lit du vent.
Daniel sera un peu plus lent mais au final on se retrouve côte à côte dans une allure au près et on se bagarre pour les réglages optimum ! On arrondit pour laisser Beg Meil sur tribord et on se retrouve au portant avec la possibilité de tangonner la voile d’avant et de pousser notre vitesse avec les voiles en ciseaux.
Ce schéma de voilure sera maintenu jusqu’à notre destination même en infléchissant notre trajectoire sur la droite après avoir contourné le plateau de Mousterlin. Pour BRIDAN il y aura même un petit empannage pour inverser les bords de la Grand Voile et du foc. Un vrai plaisir avec le nouveau rail d’écoute sur le tableau arrière.
Et c’est à 12h30 que nous passons la Perdrix à Loctudy, donc 2h30 pour effectuer 10 milles nautiques soit 4 nœuds de moyenne. Heureux !
Aucune réponse de la capitainerie pour nous accueillir (normal pour un dimanche d’octobre à 12h30), donc on avance sans savoir ce que seront nos places au ponton visiteurs. Pas de chance, il n’y en a plus, sauf un espace dépourvu de catway et de taquets ! Pas idéal avec les vents violents qu’on annonce pour la semaine. Mais pour l’instant il fait beau alors on s’amarre comme on peut et on commence à « désarmer » nos voiliers, puisque rendez-vous a été pris pour une sortie d’eau le vendredi qui vient et qu’on a décidé de ne pas s’obliger à faire un aller et retour inutile sur Kerity pour les 4 prochains jours .
Les voiles sont déposées et rentrées dans leurs sacs et on amorce petit ménage et rangements.
Pour finir la journée et la croisière le repas est offert par Michel à « La Mer à Boire » : des huîtres (avec quelques morceaux de coquille à trier entre les dents : un apprenti cet écailler !) un plateau de charcuterie et de fromages à partager avec un verre de blanc de Quincy et un verre de rouge de Saute Rocher, s’il vous plait ! Avant de finir avec une crème brûlée et un petit expresso.
Dehors il fait doux, on passe un moment sur ENAWEN à discuter éclairage du carré avec un petit Punch. Et dodo !
Sauf que ! Vers 5h00 du matin, c’est le symptôme des Anglo-Normandes qui se rappelle à notre souvenir. Le vent fort et une mer agitée nous rappellent les coups de boutoir entre bateaux, d’autant que BRIDAN est en sandwich entre un Pogo36 et ENAWEN (rappel : il n’y a plus de catway pour séparer les boxeurs !) Va s’en suivre une série de sorties d’urgence pour Daniel et Michel qui vont tour à tour devoir souquer, choquer, rallonger ou raccourcir toutes sortes d’amarres et de gardes, tout en réglant au mieux la hauteur des pares-battages.
Vers 9h00, le repos revient enfin avec un vent et une mer moins agités.
Une visite à la capitainerie pour expliquer que nous ne pouvons pas faire mieux et on nous autorise pour le moment à rester dans cette position plutôt que de tenter des déplacements avec des vents plus forts, mais les jours suivants deviendront plus confortables.
Finalement, 5 jours de soleil et 5 jours de vent … dans la bonne direction, une belle ultime croisière pour clore une saison hélas réduite, avec quand même 15 sorties proposées pour 40 jours de mer.
Pas mal pour une saison qui n’a débuté qu’à la mi-juin.
Au revoir 2020 et vive les futures navigations 2021
Daniel Derchue
Vidéo de BRIDAN et ENAWEN ( 4 mn )
et quelques photos …
Beau texte et belle vidéo (avec la musique qui va bien…).
Alain
Dommage pour l’atteinte des objectifs. Le prochain périple peut, pour le moment, potentiellement les atteindre. Il faudra voir sur le terrain en 2021.
Compte-rendu intéressant, et des photos qui rappellent de nombreux souvenirs. De sympathiques visages bien connus…
Bon vent à tous.
Sympa la musique folk pour accompagner la vidéo. Bonne idée.
Salut les voileux
Très bon compte rendu !
Comme d’hab, ça donne envie de reprendre la mer pour la saison 2021!
Par compte serait-il possible d’avoir vos traces en fichier pdf ?
Merci d’avance
Claude N
Bravo les « boute en train » bouts en Tgv a en croire la vidéo…
Votre dynamisme redonne un peu d’espoir le temps d’un rêve.
Florence ex ex le vent des étocs