Seulement au rang des projets jusqu’alors, cette croisière peut enfin se réaliser. Proposée aux adhérents du Vent des Etocs, quatre voiliers ont relevé le défi, en partie ou en totalité.
Deux seront skippés en solitaire BRIDAN par Daniel, ENAWEN par Michel. Sur KERVILY, Pascale et Claude seront à la manœuvre, et candidat déclaré en dernière minute PUFIG et César.
Le but ? Amener quelques voiliers du VdE vers Royan et Bordeaux pour en ramener quelques bonnes bouteilles avec la naïve ambition d’en accélérer le vieillissement à fond de cale au fur et à mesure de la remontée.
Les grands principes ? comme toujours : navigation cool, arrêts à la demande pour prolonger, visiter et profiter des escales, réunion des équipages chaque soir pour définir ou valider l’étape du lendemain en fonction des souhaits et de la météo (et cela va se vérifier au-delà de nos prévisions 😊)
Depuis début avril, les voiliers sont armés, préparés et avitaillés. Le départ étant plusieurs fois repoussé en raison de la météo jusqu’à …
La suite dans le journal de bord de Daniel
Michel (sur ENAWEN)
Le journal de bord de BRIDAN
Mercredi 5 mai : Kérity – Concarneau (20 nm)
En ce mercredi 5 mai 2021, cette croisière, germée dans nos esprits depuis 2019, se concrétise enfin par un départ. Celui-ci, préparé depuis la veille, par une amenée au quai de KERVILY, ENAWEN et BRIDAN pour finir l’avitaillement, rassemble acteurs et curieux pour un largage d’amarres à 11h30.
Le doute est dans les têtes car les prévisions météo ne sont globalement pas idylliques, en résumé un jour avec trop de vent ou un jour avec pas assez. Bon, y aller ou ne pas y aller, c’est tranché on y va !
Hélas, en dernière minute, PUFIG ne sera pas du voyage, les conditions de mer ne lui ont pas permis de rejoindre Kérity, ni hier, ni aujourd’hui.
Ce mercredi est un jour avec vent modéré qui nous assure une allure au portant sur la quasi-totalité des 20 milles nautiques à parcourir pour rallier Concarneau. Michel est un vrai solitaire, seul sur son bateau. Daniel s’est trouvé un super compagnon de route pour la journée avec Franck et KERVILY transporte Monsieur et Madame.
Pas de grosse surprise, la houle est modeste mais permanente et associée à une force de vent de 4 à 5 Beaufort, les surfs nous portent parfois à des pointes de 6 voire 7 nœuds.
On arrive au ponton D visiteurs de Concarneau à 15h45 sans problème particulier, bien que la houle nous ait un peu chahutés lors de l’affalage des voiles à l’entrée du chenal.
Après les corvées habituelles d’amarrage et autres branchements, visite à la capitainerie pour les formalités administratives avant 17h compte tenu de la Covid 19.
Petit goûter et café avant le départ à 19h de Franck qu’Aline est venue récupérer. Puis préparation au repas du soir sur KERVILY avec Pascale aux fourneaux pour une soirée « galettes jambon-fromage ». Tout le monde au lit vers 22h avec l’ambiance chaude des radiateurs électriques, quelques bruits nocturnes de cordages, avant que ne surviennent pluie et fort vent de 7 Beaufort dont les rafales débutent vers 7h… Jeudi 6 mai sera donc un stand-by obligatoire à Concarneau pour attendre des jours meilleurs !
Jeudi 6 mai – Concarneau
Relâche à Concarneau avec une nuit convenable mais une « grasse mat » interrompue à 7h30 par un premier gros coup de vent. Ce coup de vent sera suivi par de nombreux autres tout au long de la journée, ce qui conforte le maintien sur place de nos bateaux. La matinée sera occupée de manières diverses : démontage et stockage des béquilles sur BRIDAN, recharge de la batterie de service sur ENAWEN et promenade pédestre sur l’autre rive du Moros pour l’équipage de KERVILY utilisant la navette électrique qui transborde en continu les passagers pour 1€ par passage.
Petit repas pour tout le monde et re ballade l’après-midi. La traversée de la ville close sans touriste donne une image bien différente de ce qu’elle est d’ordinaire, et fait redécouvrir de bien jolies maisons de part et d’autre de la rue habituellement marchande. On emprunte à nouveau la petite navette électrique pour se rendre sur l’autre rive… jusqu’au magasin USHIP de la rue des Bolincheurs pour y acheter des amarres pour BRIDAN, des vraies en polyamide, dont la vertu principale est de ne faire aucun bruit de friction lorsque la bateau est amarré aux taquets. Enfin, l’espoir de pouvoir enfin dormir dans le silence sur BRIDAN renaît !
Le dîner sera servi à nouveau sur KERVILY par Pascale, notre reine des fourneaux, qui aura mitonné un bon Bœuf Bourguignon et on finira par l’excellent Gâteau Breton confectionné par Nicole, autre grande reine des fourneaux !
Une discussion sur la suite de la croisière tourne court pour KERVILY qui ont de nouvelles contraintes de retour anticipé pour Pascale et Claude. BRIDAN et ENAWEN optent pour une destination continentale pour demain : Lorient/Port-Louis en lieu et place de Groix car les prévisions météo ne sont toujours pas idéales ni stables.
Vendredi 7 mai : Concarneau – Port Louis/Lorient (28 nm)
Une nuit incroyablement bonne sur BRIDAN, les à-coups et les crissements des amarres se sont volatilisés ! Le départ pour 9h en est même avancé d’un quart d’heure et c’est un petit coucou à KERVILY qui garde sa place pendant que l’on quitte les nôtres. L’émotion sans doute trop forte pour Pascale lui fait « s’emmêler les pinceaux » et se prend une belle « gamelle » en tombant sur les genoux dans le cockpit ! Une gamelle pour une bonne cuisinière… plaisanterie (fine ?) pour tenter de faire passer la douleur à la pauvre victime à laquelle on souhaite un prompt rétablissement.
Quant aux navigateurs, ils sont partis avec l’assurance de ne trouver qu’un petit vent qui leur sera contraire. C’est vrai qu’on aura utilisé le moteur pendant les quatre premières heures, mais oh ! divine surprise, vers 12h45 le vent se lève, on est au près et on va se régaler pendant 1h30 sur un seul bord pour approcher la rade de Lorient. BRIDAN aime cette allure et assure un cap quasi parfait. ENAWEN plus à la côte file aussi avec des pointes de 5 à 6 nœuds. A l’approche de notre destination la mer est plus formée et le moteur revient à la rescousse pour entrer dans le goulet où tout ce qui flotte navigue un peu dans tous les sens. Arrivée à 15h30 au ponton visiteurs, on retiendra environ 6 heures pour 28 milles nautiques parcourus.
Samedi 8 mai : Port Louis/Lorient
Une nouvelle nuit sans un bruit sur BRIDAN, ce n’est plus un miracle, c’est une réalité ! Une vraie grasse mat donc et un retour progressif aux activités diurnes : petit déjeuner, petite douche, petit tour au superbe marché dans la rue commerçante de Port Louis, petit coup d’œil à la citadelle… peinard ! Bref plus qu’à attendre tranquillement midi, quand Claude et Hélène nous font la surprise de s’inviter à notre table. Oh ! Pas les mains vides, non, mais avec un homard acheté et cuisiné de la veille et dont nous nous régalons en terrasse dans le cockpit d’ENAWEN.
On profite ensuite de leur voiture pour se faire trimballer tout autour de la petite mer de Gâvres que nous n’avions pas encore eu la chance de voir lors de nos dernières navigations dans les parages. C’est l’occasion pour Hélène et Claude de se remémorer leurs souvenirs d’enfance ou de plus tard.
17h, c’est l’heure de nous redéposer à notre ponton, couvre-feu oblige, Hélène et Claude devant être avant 19h sur Kérity. Petite séquence bricolage avec réparation de fuite de hublot sur ENAWEN et petit masticage de coque sur BRIDAN et c’est sur la « terrasse » de BRIDAN que le dîner sera servi profitant d’un soleil couchant mais suffisamment généreux pour nous cramer un peu la figure ! Le verdict du débrief du soir pour demain : départ 9h pour presque 30 milles nautiques pour rallier le port du Crouesty. Puis dodo !
Dimanche 9 mai : Port Louis/Lorient – Le Crouesty (29nm)
Le vent n’est pas annoncé favorable ni en intensité ni en direction… on sait que le moteur va tourner et la veille les réservoirs de carburant ont été rechargés. La sortie du port nous assure déjà une manœuvre d’évitement car le Ferry trace fièrement sa route … Dès la pleine mer, la bonne surprise se matérialise par une jolie brise et pendant une petite demi-heure on y croit, on file au près à 4-5 nœuds… et puis ça s’essouffle, et c’est toujours pleine face. Le moteur va servir à nouveau jusqu’à 14h !
La mer est houleuse. Sur BRIDAN, le pilote est souvent à la peine et l’autoguidage le place au large traçant une ligne droite directe entre Port Louis et le Passage de la Teignouse. Sur ENAWEN, le GPS pourtant de même marque Garmin a proposé une trajectoire plus côtière. Ce qui fait que les 2 bateaux ne seront plus perçus de l’un et de l’autre que sous forme de tout petits triangles blancs. Le regroupement ne se fera qu’avant la Teignouse dans une mer jusque-là toujours agitée et houleuse.
Un ferry, encore, fait se détourner BRIDAN pour le laisser filer droit sur Quiberon. Ensuite la mer devient alors toute calme. Et de surcroît, un vent de petit largue se lève pour nous laisser entrevoir une fin de parcours agréable. On fait du 4-5 nœuds de 14h à 15h30 jusqu’ à l’approche du Port du Crouesty. Les places y sont chères, on se retrouve mis à couple avec 2 autres bateaux en bout de ponton visiteur. Il est 16h30 toutes amarres et gardes mises en place.
Lundi 10 – Mardi 11 et Mercredi 12 mai : Le Crouesty
Escale météorologique pour ces 3 jours avec trop de vent à un moment ou un autre. La prudence étant mère de sûreté, et surtout en mer, ce proverbe s’est particulièrement adapté à notre situation. Les grains, les coups de vent et même le clapot nous ont bien secoués même aux pontons. (35 nœuds enregistrés à l’anémomètre d’ ENAWEN).
Donc les petites activités terrestres ont pris le relais au jour le jour :
- accastillage et bricolage , avec résolution des fuites de hublot sur ENAWEN
- promenade au marché d’Arzon tout proche, avec des files d’attente spectaculaires aux étals des marchands de légumes et des poissonniers,
- coups d’œil aux boutiques et restaurants encore fermés, mais sur le pied de guerre pour la réouverture prochaine.
Jeudi 13 mai : Le Crouesty – La Turballe (20 nm)
Cela fait 3 jours que l’on scrute le site « marées-info » pour enfin avoir une fenêtre favorable à un « décollage ». Hier soir on s’est endormi avec l’idée de rejoindre La Turballe, mais toute la nuit a été perturbée par une succession de grains et de saute de vents. Sur BRIDAN, le réveil est maussade.
Sur ENAWEN ce serait plutôt la mise en œuvre de ce qui a été décidé. Donc on y va 😊. On fait ce qu’on a dit et on se prépare à se confronter à un vent entre 5 et 6 Beaufort et à une mer sûrement agitée.
On prend sagement 2 ris dans la grand-voile et on n’utilisera qu’un bout de génois. Et nous voilà à 9h à larguer les amarres et à 9h15 à se prendre un bon grain de bienvenue en mer… puis à suivre la route autoguidée « magenta » de nos précieux GPS Garmin. Un seul bord, au grand largue avec des rafales à plus de 20 nœuds, une houle de près de 2 mètres mais dans la même direction que le vent, et ça surfe dur ! Les 8 nœuds de vitesse apparaissent de temps à autres. Ce qui fait que les 20 milles nautiques seront parcourus en 4 heures, avec une arrivée entrée de port à 13h15.
Houle et vent mêlés ont rendu un peu difficile l’affalage des voiles et l’absence de réponse de la capitainerie du port de La Turballe nous force à changer de place mais pour finalement se mettre à couple comme d’habitude. Il est 15 heures : apéro et grignotage sur …BRIDAN !
Après 3 jours à s’encrouter au Crouesty, on aura quand même bien turbiné jusqu’à La Turballe !
Vendredi 14 Mai : La Turballe – L’ Herbaudière/Noirmoutier (22 nm)
Un coup d’œil matinal jeté sur la météo nous suggère de retarder notre départ pour l’ Herbaudière (île de Noirmoutier) de 9h à 11h pour laisser passer une saute de vent. Vent présent dans le port ce qui perturbe toujours un peu BRIDAN, mais les 2 bateaux sortent vaillamment du port pour se confronter aux premières houles.
On hisse la grand-voile toujours avec 2 ris pour pouvoir ensuite affronter les rafales à plus de 25 nœuds (pointes à 30). Le plus dur sera de se battre aussi avec une houle courte de 2 m, quelquefois déferlante et perturbante. Pas de problème pour ENAWEN, mais plus difficile pour BRIDAN, dont le pilote automatique maîtrise mal la tenue de cap. La main droite du skipper tenue sur la filière et la main gauche sur la barre franche, c’est ainsi « crucifié » que s’est déroulée la quasi-totalité du trajet ! Pas mécontent d’arriver dans ces conditions à 16h à L’ Herbaudière : 22 milles nautiques parcourus en 5 heures en 1 seul bord, au près la première heure, puis au travers ensuite. Enfin, 2 places en ligne nous « attendent » au bout du ponton « I » réservé aux visiteurs.
Les formalités à la capitainerie et une commande Click and Collect d’une fricassée de lotte proposée par le restaurant le Transat ont parachevé cette croisière tonique et musclée. En milieu de nuit on s’attend à être brutalisé par un coup de vent de force 7…
Samedi 15 mai et les 2 jours suivants – L’ Herbaudière/Noirmoutier
Débrief matinal alors que la décision de ne partir qu’à 10 heures avait été prise la veille avec un vent prévu de force 4-5. Au réveil il est donné pour 5-6… cela décourage Daniel qui propose de reporter à plus tard l’escale de l’Île d’Yeu. De toutes façons les 2 jours suivants sont prévus avec des vents de force 7. Donc à nouveau une longue relâche imposée… on n’est plus à un jour près !!!
Comme en témoigne la carte des prévisions de vent pour ces 3 jours (ex : dimanche 16 mai) , il valait mieux rester à l’abri ! On a osé penser qu’on pourrait quand même se servir de nos petits vélos pliants pour visiter l’île, mais force 7 étant aussi pénible à vélo qu’en bateau, ils sont restés en soute !
Les occupations ? Un inventaire à la Prévert en guise de réponse : pour ENAWEN, tri, nettoyage, rangement, nouvelle fixation du lazy bag, sms et autres activités informatiques. Pour BRIDAN modifications diverses et recalibrage sur le pilote auto, test de ponçage sur les bois extérieurs… et pour les skippers : exercice sur gardes et amarres pour sécuriser nos bateaux au ponton pendant les gros coups de vent, courses alimentaires et plats cuisinés à emporter pour la divine subsistance, petites emplettes au Comptoir de la Mer, remplissage des jerricans de carburant par sécurité et passage à la laverie pour repartir avec un bagage propre… bref pas eu le temps de s’ennuyer malgré une bien vilaine météo qui nous aura autant soufflés que mouillés !
Mardi 18 mai : L’ Herbaudière/Noirmoutier – Port Joinville/Île d’Yeu (21 nm)
Ça y est, c’est décidé, nous nous sommes levé nous–mêmes nos punitions de sortie du port de l’ Herbaudière, car rassurés par les dernières prévisions de vent nettement revues à la baisse 3 à 4 Beaufort en vent d’ouest pour rallier Port Joinville à l’ Île d’ Yeu. Alors en toute confiance on relâche les prises de ris et on décolle du ponton à 10h toutes voiles dehors. Ce qu’on va vite regretter car les prévisions vont se révéler rapidement en deçà de notre zone de confiance tranquille !
Mais revenons plus tôt en arrière pour souligner les bonnes initiatives qui se révèlent d’excellentes surprises. Au nombre de 3. La première offerte la veille au soir par Vincent (le fils de Daniel) qui est venu faire un petit coucou à son « Cht’i Popa » alors qu’il se rendait à Nantes pour raison professionnelle.
Un bon remontant pour le moral qui avait pris un coup de grisou ces derniers jours et un bon moment passé sur ENAWEN pour un repas presque familial. Trop content d’être avec nous, Vincent y reste même pour coucher sur BRIDAN . La deuxième compte double, car ce matin même c’est Brigitte et Yannick qui nous font la joie de nous faire aussi un petit coucou au moment du départ. Ils courront même jusqu’à la sortie du Port pour un au revoir en levant bien haut les bras. Un grand MERCI pour ces moments chaleureux !
Justement de la chaleur on en voudrait bien un peu plus sur nos bateaux qui peinent au moteur pour nous faire dépasser la pointe de l’ Herbaudière, alors que le vent s’est levé et qu’on se le prend en plein dans le nez ! Enfin après 1h30 de gas-oil on peut repartir à la voile et une orientation plus sud autorise une allure au près. Mais très rapidement les bateaux trop toilés deviennent difficiles à tenir.
BRIDAN propose une reprise des 2 ris, ce qui sera chose faite assez facilement (source de fierté pour son skipper). Autre fierté pour le même skipper : le fait d’avoir pu remonter quelques instants plus tard une pièce de liaison entre barre franche et pilote automatique se dévissant dangereusement ! Réparation faîte en cours de navigation avec des pointes de vent entre 20 et 25 nœuds. Ouf ! Ensuite les choses vont aller de mieux en mieux avec du vent soutenu permettant du près puis du près bon plein et autorisant des vitesses de 4, 5 puis 6 nœuds bien appréciables et enfin une mer plus calme et un beau soleil. On arrive à 15h à l’entrée de Port Joinville et à 15h30 on est amarré ponton C. Impec !!!
Une belle petite balade dans les ruelles toutes pimpantes avec des peintures de volet toutes renouvelées, tandis que l’effervescence d’ouverture des commerces pour demain est d’une évidence flagrante. Vive la vie d’après ?
Mercredi 19 mai : Port Joinville/Île d’Yeu – Quai Garnier/Les Sables d’Olonne (30 nm)
Départ programmé à 9h pour rallier les Sables d’Olonne. La nuit a été calme sauf une hausse sensible du vent en rafale entre 6h et 8h. Pas autrement gênant pour quitter les catways, opérations que BRIDAN et ENAWEN effectuent plutôt avec élégance, il faut dire qu’il y a de la place, la fréquentation étant encore timide sur l’île.
Dès la sortie ça se complique un peu car une forte houle nous gêne un peu pour hisser la grand-voile même avec 2 ris pris. Le cap est normalement facile à suivre puisque tout droit vers les Sables à courir sur 29 milles nautiques. Ça se complique un peu car le vent bien que modéré entre 10 et 15 nœuds est renforcé par le courant et surtout par une houle qui ne nous quitte pas durant tout le parcours.
Elle n’est pas très haute, mais courte, variable en intensité et déferlante par instant. Tout au portant, le génois est mis en ciseau avec la grand-voile, mais si ENAWEN contrôle assez facilement les écarts, c’est plus difficile pour BRIDAN plus sensible à cette combinaison gîte + tangage.
Les empannages sauvages ne sont pas tous évités, mais nos freins de bôme apportent leur aide précieuse et le pilote automatique recalibré de la veille assume vaillamment les rattrapages. C’est quand même dur à tenir sur BRIDAN qui atteint sur certains surfs les 8 à 9 nœuds. Pénible sur 6 heures de navigation, avec l’impression que les moutons de la houle tentent parfois de grimper par l’arrière dans le cockpit ! Ha ! Les sales bêtes !
Plus impressionnant que dangereux mais un peu usant pour le bateau comme pour le skipper mis sous tension. Quelques rares voiliers font la même route que nous mais uniquement au génois. On les retrouve le soir au Port du Quai Garnier des Sables, ils sont aussi fatigués mais contents de leur allure uniquement toilée par le génois.
Arrivée à l’entrée du « chenal des héros » du Vendée Globe à 15h et au ponton à 15h30.
Bon bilan vitesse : 5 nœuds de moyenne
Ce mercredi c’est aussi la réouverture en terrasse des cafés et restaurants. Les tenanciers se rattrapent vite : 2€50 le café et 7€50 l’apéro !
Jeudi 20 mai : Quai Garnier/Les Sables d’Olonne
Départ programmé pour 9h pour l’île de Ré. Déprogrammé aussitôt par Michel qui constate que son GPS a pris l’eau durant les petites averses au vent arrière de la veille et que l’écran ne s’allume plus ! Elément de sécurité indispensable, il n’est plus question de partir, mais de trouver une solution. Les équipementiers sont nombreux dans ce port où la compétition nautique y est portée au plus haut niveau .
On va faire du sport avec Michel en allant par 2 fois à pied chez Robin Marine, spécialisé dans les équipements électroniques, basé de l’autre côté de Port Olona. Une fois pour acheter un nouveau GPS Garmin (l’ancien ne se fait plus et ne se répare pas non plus !) et en y retournant une deuxième fois pour un échange de carte mini-SD en micro-SD pour avoir toute la côte atlantique en autoguidage. Au total, un bon 5 km de marche ! Excellent accueil et grand professionnalisme par les conseils et l’attention apportée au client.
Bon, le matériel reste à paramétrer, boulot de Michel et le matériel est à positionner sous la capote, boulot de Daniel. Une journée active qui s’achève par un dîner au Mona Liza, restaurant devant le port, chaleureux par la qualité des plats et l’amabilité du service, et donc en fort contraste avec l’air froid de la terrasse. Vivement un temps de saison ou vivement l’accueil en salle !
Vendredi 21 mai : Quai Garnier/Les Sables d’Olonne
Sur ENAWEN, à chaque jour suffit sa peine… ou plutôt sa panne ! Hier c’était le GPS, et ce matin c’est la batterie de service qui ne charge plus. Depuis plusieurs jours, elle donnait des signes de fatigue, et bien aujourd’hui elle ne donne plus rien. Bon on reproduit les démarches téléphoniques de la veille pour trouver un nouveau fournisseur. Et c’est à nouveau sur le plateau technique de Port Olona, qu’on va trouver chez Eric Marine la batterie de 72Ah et aux bonnes dimensions, pour pouvoir la glisser dans son étroit logement. Mais les kilomètres parcourus à pied pour aller chercher le GPS la veille, nous poussent à utiliser nos vélos pliants, les fameux « Black and White » (étrennés en 2019 dans les anglo-normandes), pour transporter aussi plus facilement une batterie de 16 kgs ! En fin de matinée, de retour au ponton, la batterie est installée et fonctionnelle !
Mais on est aussi toujours les yeux rivés sur les prévisions météo du site Marées-Info, et ce n’est toujours pas la joie : vent fort encore et toujours pour les prochains jours ! Y EN A MARRE !!! Alors, surtout côté BRIDAN, l’envie d’aller au bout du voyage s’évanouit et l’envie de remonter prend le dessus. Côté ENAWEN, on confirme que l’objectif Royan-Bordeaux n’est pas une obligation, et la décision est prise de ne pas descendre plus loin que Les Sables d’Olonne. On verra quand remonter, mais c’est sûr on ne descend pas plus bas.
L’après-midi est consacrée aux réglages du GPS sur ENAWEN et au ponçage des panneaux de teck sur BRIDAN. Un tour à vélo dans la ville nous permet d’apprécier l’esplanade qui borde la grande plage, le centre commerçant au centre de la vieille ville près de la cathédrale et les petites ruelles transversales qui rappellent par leur étroitesse les venelles vues à Yeu… ambiance un peu comparable pour ces maisons de marin à l’origine.
Remarque nocturne : enfin une nuit calme par rapport aux précédentes. Il faut préciser que les pontons visiteurs du port de plaisance du Quai Garnier font face au quai des navires de commerce et de pêche. Et la nuit les travaux continuent : les tonnes de grains de maïs sont chargées dans des cargos, et les chalutiers hauturiers se font chargés en glace… tout cela dans un vacarme et une circulation intense !!!!
Un dernier coup d’œil au site météo, on pourrait partir pour Saint Gilles Croix de Vie. Dimanche ?
Samedi 22 Mai : Quai Garnier/Les Sables d’Olonne
Les forçats du port qui travaillent la nuit en semaine ont heureusement leurs week-ends la nuit aussi ! Donc on a pu dormir sans avoir à se plaindre du tapage nocturne. On s’ébroue donc tranquillement puisque seule une course de bricolage avait été programmée, et à la réflexion, on n’a besoin de rien. Daniel a finalement poursuivi son ponçage de teck avec des tampons métalliques servant habituellement à décrasser les casseroles ! Beau résultat avec un grattage superficiel qui n’altère pas les joints caoutchouc et avec un coup de Clean Boat pour dégriser, la finition est assurée. A voir comment cela va évoluer dans la durée ?
Pendant ce temps Michel s’approprie son GPS tout neuf et ne se lasse pas du plaisir à utiliser son écran tactile. Il y a du boulot pour plusieurs jours avant de faire le tour des possibilités que ce matériel offre en termes d’interconnexion avec VHF, AIS… un vrai régal… pour celui qui aime ça !
L’après-midi est décisive puisqu’on sait maintenant que les Sables d’Olonne sont notre étape finale et que l’objectif de ramener du vin de Bordeaux est définitivement tombé à l’eau !!! Alors en local, que pourrait-on rapporter comme butin ? La région n’est pas trop viticole mais il existe une appellation « Vin des Fiefs Vendéens » qui produit des rouges, blancs et rosés associés à 4 ou 5 communes dont l’une est le village de Pissotte. On a cherché ce vin…en vain ! C’est dommage car on était déjà sûr d’avoir accès aux plaisanteries les plus fines de la part de nos amis !
On s’est donc rabattu sur un vin de Mareuil, qui a déjà subi un premier effet de vieillissement accéléré, puisque ramené du magasin jusqu’à nos bateaux, sur les portes bagages de nos fidèles Black and White. Bon, ce vin va maintenant mouronner et mariner en soute, tant que durera le voyage du retour…ce qui pourrait bien durer encore un moment !
Le soir, une discussion entre marins des pontons, fait clignoter l’idée d’aller plus vite en une seule étape à Yeu (28 milles nautiques à courir) dès dimanche et on s’endort là-dessus en profitant encore une fois d’une nuit sans bruit.
Dimanche 23 Mai : Quai Garnier/Les Sables d’Olonne – Port Joinville/L’Île d’Yeu (30nm)
Départ 9h pour faire le chemin inverse du Mercredi 19, qui avait tant « plu » à Daniel !
On ne perd pas de temps : la grand-voile, toujours 2 ris pris, est hissée dans le chenal et on est dans une allure au près dès la sortie. C’est à la limite du décrochage au près serré mais ça tient jusqu’à ce que l’on déborde les Barges et qu’on abatte sur tribord pour suivre tout droit la trajectoire proposée par nos GPS pour rallier Port Joinville.
On va jouer du génois en agrandissant ou en réduisant la toile selon l’intensité du vent et les attaques de la houle que l’on affronte bon plein. Le ciel est changeant combinant artistiquement une palette de lumières entre vagues et nuages. C’est sportif et c’est rafraichissant surtout lorsque l’écume déborde parfois la capote. Le vent est toujours soutenu entre 4 et 5 Beaufort et les vitesses de nos bateaux oscillent entre 4 et 6 nœuds. Le pilote sur BRIDAN est désormais fiable et son usage fortement sollicité autant qu’apprécié. On arrive à 15h aux abords de Port Joinville et on est aux catways une demi-heure plus tard.
Bien fatigués, on se contente d’une douche et d’un petit verre, d’une petite sieste et d’un repas de conserves avant d’aller se coucher. La nuit promet d’être ventée avec du force 8. Mais il va falloir s’y faire, car toute la journée de Lundi est prévue comme ça !
Lundi 24 Mai : Port Joinville/L’Île d’Yeu
R.A.S ! Rien d’Autre à Signaler qu’une météo constante dans son caractère variable avec une alternance continue d’averses et d’énormes rafales de vent.
R.A.F ! Rien d’Autre à Faire que du rangement. Limité sur BRIDAN, jamais fini sur ENAWEN !
R.A.B ! Rien A Bouffer ? Non ! Pas de risque de ce côté-là, car on a pu profiter d’une courte accalmie pour compléter notre énorme stock à la petite supérette toute proche, juste avant une nième groulée.
R.A.L ! Retour Au Lit, en espérant un mardi plus favorable à une petite visite de Port Joinville, si la météo veut bien faire un effort…
Mardi 25 mai : Port Joinville/L’Île d’Yeu
Vœu exaucé ! Ce mardi se réveille avec un grand soleil. Le vent est toujours là mais supportable avec cette lumière de printemps qui semble enfin arriver. La journée se présente bien : pas d’objectif particulier, pas d’horaire, pas de stress .
La matinée se résume en une petite promenade dans la ville de Port Joinville, toujours aussi pimpante avec ses petites maisons peintes en blanc et leurs volets aux couleurs vives. Nos pieds nous mènent jusqu’au cimetière communal où repose un militaire trop connu pour son histoire tristement contrastée. Mais nos estomacs nous dirigent ensuite bien vite à la recherche d’un restaurant en terrasse pas trop venté, pas facile, car il y a de la demande dès midi. On trouve place au Malougo. On se fera servir un ti-punch et du thon snacké au sésame avec son riz crémeux. Service un peu long, mais c’est la remise en route comme partout.
Un petit moment de détente aux bateaux pour digérer… puis on se loue 2 vélos électriques pour faire plaisir à Michel qui se lasse vite de nos Black and White à simples pédales !
C’est vrai que c’est un vrai bonheur que d’avoir à peine à appuyer sur le pédalier et qu’on est déjà parti à toute allure. C’est donc à bicyclette, mais sans Paulette, que nous empruntons les chemins environnants jusqu’ à la petite crique de La Meule de l’autre côté de l’île. On y prend un petit café à la terrasse de la seule auberge. Puis c’est un détour par la côte pour aller jusqu’au Vieux Château, datant de la guerre de Cent Ans, et construit dans la mer sur des pitons rocheux. Retour des vélos chez le loueur en fin de journée, après les avoirs chargés de quelques courses alimentaires (encore ?!?). Dîner sur ENAWEN avec des légumes, enfin c’est ce que Michel appelle des légumes, s’agissant en fait de la minuscule dose de farce aux épinards contenue dans des raviolis. C’est sûr qu’après ça on peut affronter la mer comme Popeye !
Debrief du soir : demain départ 11h pour Noirmoutier.
Mercredi 26 Mai : Port Joinville/L’Île d’Yeu – L’ Herbaudière/Noirmoutier (22 nm)
Une nuit plutôt calme, ça change des rafales passées, même si vers 7h du matin les chantiers de chargement des cargos lancent le moteur des grues. Ce matin on a du temps devant nous et réveil, petit déjeuner et petite toilette se font sans précipitation (et sans pluie aussi puisque la météo est annoncée comme telle !)
11h sonnée, amarres larguées. Et à l’exception d’une mise face au vent pour hisser la grand-voile on file ensuite plein Nord pour rallier l’ Herbaudière. Cela devient notre habitude, on va parcourir les 22 milles nautiques sur un seul bord. Avec une allure qui changera un peu : du près bon plein, puis surtout du travers et enfin un peu de portant à l’arrivée. Deux ris dans la grand-voile et un génois à ajuster pour que les 2 bateaux filent à la même vitesse, on arrive à destination à 15h. Soit 4 heures pour 22 milles nautiques , cela fait plus de 5 nœuds de moyenne (avec des pointes à 7 nœuds de temps à autre).
Côté vent c’est bien , c’est soutenu mais régulier. Côté houle, c’est bien au prés, au portant c’est plus désordonné. BRIDAN prend une crête qui déborde au-dessus de sa capote, en rinçant copieusement le cockpit. Mais maintenant que le pilote automatique fait tout le boulot, Daniel reste bien à l’abri de sa capote de descente pour s’éviter grains et autres embruns.
La navette du port, venue à notre rencontre, nous trouve un bout du ponton I et c’est notre grand moment de relaxation après avoir été quand même un tantinet chahuté !!!
Demain Le Pouliguen ?
Jeudi 27 Mai : L’ Herbaudière/Noirmoutier – La Baule Le Pouliguen (17 nm)
Départ 11h pour le Pouliguen, car il ne faut pas y être trop tôt, il y a un seuil de 1m60 à l’entrée du chenal. Il nous faut aussi tenir compte de nos tirants d’eau et par sécurité rajouter 1 m pour ne pas se trouver bloquer. Ainsi, l’horaire des marées nous laisse entrevoir un passage facile de ce seuil vers 15h. Au départ et pour faire joli, on libère les ris et on hisse la grand-voile, bien que la météo prévoit un vent nul aujourd’hui ! Les 16 milles nautiques se courront donc au moteur, en fixant le régime à moins de 2000 tours/min pour une vitesse stabilisée à 4 nœuds.
Au bout de 4 heures de risée gas-oil (*), on arrive donc à l’heure et à marée montante, pour aborder le bout du ponton B qui nous a été désigné par téléphone par la capitainerie. On s’y prendra à 2 fois car le courant poussant ne nous permet pas de nous arrêter ! Dans l’autre sens ça marche impec ! Et en plus on sera dans le bons sens pour repartir demain matin.
Dans l’après-midi : visite à la capitainerie pour payer notre stationnement au ponton et pour apprendre que des sanitaires temporaires , pour raison de travaux sont au fin fond du 3eme bassin ! Bon pas de douche donc pour ce soir. On se réconforte par une pause crêpe + cidre sur la berge coté Pouliguen,
Et en fin de journée : un apéro Mojito proposé par Patricia (compagne du frère de Daniel) et sa famille pour terminer avec nous leur semaine de vacances à Batz sur Mer.
(*) conso estimée 2 litres pour 4heures
Vendredi 28 Mai : La Baule Le Pouliguen – Port de l’Argol/Hoëdic (23 nm)
Départ à 9h15 pour dérouler les 22 milles nautiques qui nous séparent de Hoëdic. Il fait beau et un petit vent nous attend à la sortie des dernières balises. Ce vent venant par notre travers tribord nous place exactement sur la trajectoire proposée par nos GPS. C’est tout bon pour BRIDAN comme pour ENAWEN qui filent entre 3 et 4 nœuds jusqu’ à 11h30 où le vent tourne pour une allure au près. On avait sorti nos spis à 11h, on est déjà obligé de les replier !
BRIDAN favorisé par cette allure au près on plein avance vite à plus de 4 Nœuds. ENAWEN va moins vite et décide de se mettre en pause « pêche » aux maquereaux. Ce qu’il fera tranquillement de 13h à 15h, BRIDAN s’adapte en réduisant le foc de moitié et en choquant la Grand-Voile. Résultat probant, on passe de 4… à 2 nœuds !
L’amarrage de nos 2 bateaux dans le port de l’Argol se fait à 15h30 sur l’embossage repéré libre par ENAWEN. Un 1er loupé pour ENAWEN, mais un bon point pour BRIDAN… ça y est on est arrivé.
BRIDAN s’occupe du gonflage de son annexe et de la mise en place de ses bossoirs. Puis un tour sur l’île pour s’acquitter de notre paiement à la capitainerie qui nous annonce que les douches chaudes sont en panne ! Décidément, on va finir par sentir mauvais, car il fait en plus particulièrement chaud. Bon courage et hop sous l’eau froide, très froide ! Brrr !
Un petit apéro jaune pour se réchauffer sur la terrasse du Café du Nord. Retour par l’annexe sur nos bateaux et repas à base de… maquereaux ! Les 4 belles prises de Michel de cet après-midi. Accompagnés de petites BONNOTTES, les fameuses patates de Noirmoutier, préparées in extenso par Daniel.
Samedi 29 Mai : Port de l’Argol/Hoëdic – Sauzon/Belle Île (15 nm)
Après une nuit toujours un peu compliquée lorsque nos 2 bateaux dorment l’un à côté de l’autre : il y en a un qui dort malgré les pare-battages qui glissent et battent la coque et l’autre qui ne dort pas, parce que sensible au moindre bruit. Je laisse le lecteur deviner qui a le plus mal dormi ! Bon départ tout de même un peu avancé et amarres larguées à 9h45 pour rallier le port de Sauzon sur Belle-Ile : 15 milles nautiques à courir.
Démarrage facile pour BRIDAN qui profite de belles risées avec vent de travers léger mais constant. Du 3 à 4 nœuds bien agréables avec ciel et mer à l’unisson d’un beau bleu. ENAWEN bricole très tôt avec son spi mais, compte tenu du vent qui baissera jusqu’à 11h15, cela facilite le rapprochement des 2 bateaux qui vont ensuite « spier » (*) ensemble jusqu’à l’approche de midi. A ce stade plus de vent du tout et c’est le recours inévitable au moteur pour arriver à Sauzon à 13h30.
Une chanson, pour parler de Sauzon ? « N’avons pu faire la fête devant une crêpe Suzette, car on a perdu la raison, en revoyant SAUZON »
C’est vrai que cette étape est toujours un ravissement, et devient une escale préférée du Vent des Etocs, cela valait bien une chanson !
Plus prosaïquement, on se tape une petite passe d’arme avec les bouées d’embossage dont le diamètre des anneaux ne facilite pas la prise. D’autant qu’il faut en prendre une à l’avant et une à l’arrière… l’annexe de BRIDAN sera fort utile pour amarrer et réduire ensuite les longueurs. Cela sous un soleil de plomb qui donne soif… de Pacific !!! On a déjà chaud à la tête ce n’est pas la peine d’en rajouter une louche ! Gros moment de repos avant de reprendre l’annexe pour la douche et se réserver une table en terrasse qu’on a bien méritée !!!
Le restaurant « La Cale » nous permet d’assouvir notre appétit : 6 huîtres n°6 (petites mais des Gillardeau siglées au laser sur la coquille, Sole meunière ou Médaillons de Lotte avec sa mousse petits pois, arrosés avec une petit blanc de Quincy, crème au citron et baba au rhum… bref il n’y a pas tromperie, on repart bien « calé » .
Dernière petite surprise de retour aux bateaux, un First 27.7 s’est invité à couple de BRIDAN. Il y a gros à parier que la nuit sera l’occasion d’entendre les bruits de crissement des pare battages et le boum-boum des à-coups
(*) : puisque le verbe « skier » signifie faire du ski, pourquoi ne pas inventer le verbe « spier » pour dire faire du spi ?
Dimanche 30 Mai : Sauzon/Belle Île – Port de Lorient (24 nm)
Départ 9h pour le Port de Lorient, celui qui est le plus au centre de la ville (24 milles nautiques à courir). Belle navigation avec vent au près ou au travers avec du 4 à 5 nœuds de croisière. Dommage qu’à midi ce soit la grosse molle et qu’on ait recours au moteur. Michel en profite pour réaliser sa pêche quotidienne de 4 maquereaux. La traversée de toute la zone portuaire n’est pas d’un romantisme fou et l’arrivée aux pontons visiteurs n’est accueillie que par la capitainerie du port, mais aux abonnés absents en ce dimanche ! Alors on fait ce qu’on peut pour se mettre à couple là où il y a encore de la place. BRIDAN se débrouille tout seul comme un chef. ENAWEN fait de même, mais lui il est chef ! A couple c’est vite dit car depuis notre arrivée à 15h, c’est plutôt en collier de perles que s’agglutinent des grappes de 6 ou 7 bateaux… ENAWEN et BRIDAN sont désormais pris en sandwich ce soir, on verra demain comment sortir de ce bazar !
Lundi 31 Mai : Port de Lorient – Port Manech (21 nm)
Ca s’arrange tout seul pour ENAWEN puisque les 2 voiliers qui le bloquaient sont déjà partis. Pour BRIDAN, c’est un peu plus compliqué puisque c’est maintenant 2 bateaux qui sont venus se coller pour l’empêcher de partir ! Bon on s’est arrangé avec les amarres des propriétaires pas gênés de nous laisser nous débrouiller tout seul avec Michel. On s’en est bien sorti, c’est bien le cas de le dire avec élégance tant dans la préparation des cordages de reprise que dans l’exécution de la manœuvre (pendant que Daniel s’exfiltre, Michel ramène les 2 bateaux sangsues d’un cran). On part vers 9h15 en empruntant le même chemin que la veille à travers les grosses activités industrielles qui bordent la baie de Lorient.
Beaucoup moins agréable que le port de Locmiquelic ou celui de Port Louis. Avant d’arriver à la pleine mer, on est en belle compagnie CHARAL, INITIATIVE CŒUR, ou encore APICIL que nous croiserons plus tard continuent leurs tests après le Dernier Vendée Globe.
Ils ne nous attendent pas et vont diablement vite bien que le vent soit quasi nul. Remontant vers le Nord-Ouest on pense trouver les vents attendus de Sud-Est. Ils sont poussifs, alors après le moteur (pendant 1h15) on s’essaye aux voiles en ciseaux (45 minutes) puis au spi (45 minutes) . Etant dans une bonne risée on se croit sauvé, malheureusement à 12h15 c’est le recours au moteur qu’on utilise jusqu’ à Port-Manech où l’on s’amarre aux bouées à 15h.
L’épisode spi a été pénible pour BRIDAN : du mal à se dérouler, du mal à rester dans les bonnes risées et enfin un calvaire pour le réenrouler sous un soleil de plomb. Daniel a frôlé la grosse colère ou l’insolation, ou les 2… et préfère s’arrêter à Port-Manech plutôt que de se lancer dans la découverte du Belon. Finalement on renonce, donc nous n’aurons pas « attrapé le Belon », ni la grosse tête… nous restons donc modeste !
Une petite douche nous ferait du bien. Il n’y en a qu’une en réfection sur le quai juste achevée mais sans eau chaude… pas grave cela fait 3 jours qu’on a des problèmes avec les douches : Hoëdic-eau froide, Lorient–fermé, Port-Manech–eau froide !
Vu les chaleurs actuelles, c’est déjà mieux que rien !
Demain, Sainte Marine pour 20 milles nautiques .
Mardi 1er Juin : Port Manech – Sainte Marine ( 20 nm)
Le beau côté de la navigation du jour : départ sous le soleil à 8h45, pour Ste Marine à 18 milles nautiques. Vent au portant avec voiles en ciseaux pendant 1h15, puis le spi jusqu’à midi avec des vitesses de 4 à 5 nœuds bien agréables sur une mer lisse et sous un ciel bien bleu. BRIDAN se sentant pousser des ailes prends quelques distances avec ENAWEN, quand soudain… arrive le moins bon côté de cette même navigation.
Au moment où j’appelle Michel par VHF à 12h pour savoir si tout va bien derrière, le « Dynéma » de fixation du point d’amure du spi se rompt! La belle voile précédemment joliment arrondie, se met en vrac et claque sur les haubans et bat dans tous les sens. Interrompant la communication, c’est l’urgence du moment, reprendre à la main le point d’amure devenu fou, se munir d’un bout pour pouvoir relier ce point avec la manille de l’emmagasineur… tout cela à l’extérieur du balcon avant à l’extrémité du bout-dehors ! ça cingle, ça tire… mais ça se reprend et le vacarme s’interrompt enfin . On arrive à rendre la situation acceptable… et dans ce laps de temps ENAWEN ayant roulé son génois et brider sa grand-voile arrive au moteur pour donner les derniers conseils pour enrouler le spi le plus correctement possible !
Tout est bon à 12h20. On hisse à nouveau grand-voile et génois en ciseaux et on repart avec une bonne vitesse jusqu’à 13h où le vent tourne à 180°. On remet le moteur pour arriver au ponton visiteurs de Sainte Marine à 13h45.
L’activité de l’ après-midi ? Michel continue l’amélioration de son bi-mini pour ombrer le cockpit d’ENAWEN. Daniel démonte les bossoirs et dégonfle son annexe pour la remiser en soute… puis le binôme s’attaque à la reprise au calme d’une fixation plus sûre du spi de BRIDAN.
Un resto pour ce soir ? Pourquoi pas ! le choix se porte sur le Bistrot du Bac. Et ces messieurs ont choisi ? Oui ? Alors je note et j’envoie : 2 Ti-Punch, 2 fois 6 huîtres, 1 Brochette de lotte, 1 Sole meunière et 2 fondants au chocolat. Et pour arroser tout ça ? 1 bonne bouteille de Quincy. Très bon choix messieurs et bon appétit !
Pour être complet sur cette journée, quelques anecdotes concernant les petites misères récurrentes de Daniel. Choses totalement vraies arrivées en cette soirée. D’abord la capitainerie de Ste Marine qui retrouve comme d’habitude facilement la fiche d’ ENAWEN. Mais comme dans presque tous les ports auparavant, on ne retrouve pas celle de BRIDAN ! Pourtant on y est venu ensemble la dernière fois. Fataliste, je remplis donc comme à chaque fois l’intégralité des renseignements à fournir sur la fiche depuis le début de cette croisière (agaçant).
Je paye ensuite par Carte Bleue mais en prévenant que par contact elle marche quand elle veut. On insiste pour que je le fasse quand même, et rien que pour me donner tort elle marche du premier coup. Bon, dans l’attente du reçu, j’ appuie sur le distributeur de gel hydroalcoolique… pas une seule goutte dans la main, mais tout part d’un coup à l’horizontal sur mon tee-shirt tout propre d’après douche !
Enfin après le repas c’est mon tour de payer. Je cherche dans mon sac à dos mon portefeuille pour régler et on reprend le chemin du ponton. Bonne nuit Michel et à demain. Et je cherche maintenant mes clés de bateau… tiens je ne les avais pas prises ? Ben, si c’est fermé. Bon en forçant la porte ça s’ouvre mais pas plus de clés dedans que dehors… il est 20h50 et le couvre-feu ne me laisse que 10 minutes pour recourir jusqu’au Bistrot qui était en train de fermer !
Des clés ? Ah oui on a trouvé ça par terre à votre table et on allait vous appeler au numéro du porte clé ! Ouf ! pas la peine ! je suis là je les prends et je ne tarde pas car il ne manquerait plus que je me fasse prendre pour dépassement d’horaire ! Pas pris, vite je me couche et je ne fais plus rien que dormir…
Mercredi 2 Juin : Ste Marine – Lesconil (11 nm)
Les distances à parcourir étant de plus en plus courtes, les départs sont de plus en plus tardifs. 10h avait donc été décidé pour partir de Ste Marine vers Lesconil.
Mais c’est sans compter les relations que peut établir Michel avec ses voisins de ponton. Notamment le propriétaire d’un tout récent 35.1 de chez Bénéteau, amarré juste derrière Michel, avec qui la discussion s’était déjà engagée la veille sur les avantages de leurs bateaux respectifs.
Cependant, ce propriétaire vient nous revoir ce matin au moment de partir et s’avance timidement pour demander une chaise de mât. Il avoue avoir fait la bêtise de remonter complètement sa drisse de gennaker… mais sans la voile ! et maintenant le mousqueton est perché tout seul en haut des 15 mètres !
Le propriétaire est avec son épouse et sa fille, mais apparemment personne n’est vraiment tenté par l’ascension… Ne pouvant rester simple témoin, Daniel se propose de faire le singe.
Alors c’est parti, Daniel, sanglé dans la chaise de mât par Michel et emporté par la drisse hissée par la manivelle électrique tenue par le propriétaire, prend de la hauteur. La prise en main du mousqueton est réussie et, de retour sur le pont, il est remis en main propre au propriétaire. Et en remerciement nous bénéficions d’un apéro vin blanc dans le beau cockpit du 35.1… ce qui nous fera finalement prudemment partir au-delà de 13h !
Sortie du port avec du vent, oui, mais en plein dans le nez ! Très vite le moteur s’impose pour nous éviter un bord bien trop long pour simplement contourner le champ d’algues. A 15h15, en repiquant sur Lesconil, on se fait un petit plaisir à la voile avec un travers de vent sympa. Les places au port sont comptées mais avec une mise à couple coté criée on peut s’ installer comme il faut vers 15h45.
On bricole, on paye à la capitainerie, on passe à la douche, on range, on discute… jusqu’à avoir l’excellente surprise de voir arriver Daniel G. On part au bar du port, et nous y rejoignent aussi Nicole et Guéno… Mojitos et bonne ambiance ! Merci pour ces visites impromptues !
Dîner « cassoulet » sur ENAWEN… et good night !
Jeudi 3 juin : Lesconil – Kérity (9 nm)
Une bonne nuit avec ensuite un bon départ pour Kérity, terminus de notre « impossible » croisière. A 10h30, on largue les amarres, on hisse la grand-voile en étant encore dans le port et dès la sortie on pressent que le vent ne tardera pas à se montrer tant la zone de risée se rapproche. Une bonne brise en effet nous entraine au près serré en direction d’Ar Guisty.
Ce n’est pas la direction la plus « côte », mais c’est le vent qui décide et finalement il fait bien les choses car il nous pousse à 4 – 5 nœuds même après avoir viré ensuite vers Spineg.
On finit par se présenter à l’entrée du chenal de Pénarguer vers 13h, puis on s’arrête aux bouées de La Poire pour commencer le rangement et rejoindre le quai comme convenu avec nos amis qui doivent nous y attendre pour 14h32 ! Précises !
Tout correspond au planning : respect du timing, aide aux amarrages, airs de binious pour l’accueil et l’accompagnement jusqu’au Nautilus pour le café de retour au pays !
Merci Hélène et Philippe pour la musique, Merci Claude L. Merci Claude et Pascale N., Merci Jean-Michel, Merci Brigitte et Yannick et Olivier pour le coucou à La Poire … et merci à tous les autres pour les sms de soutien, d’encouragements, d’amitié, qui nous ont chaleureusement accompagnés au jour le jour.
Voilà, c’est fini ! Maintenant terminus, tout le monde descend ! Et à la prochaine…
Daniel (sur BRIDAN)
Sur ENAWEN, la vie à bord n’est guère différente de la vie à terre. Avec en plus la mer et son sentiment de liberté, le spectacle permanent des vagues, du vent, des oiseaux et des bateaux croisés.
Dans la journée, quand Raymond, le pilote automatique, est à la barre, le skipper peut s’installer sur son siège, dans la descente, sous la capote (à l’abri du soleil ou d’une ondée passagère).
Ainsi il peut rêver tout en continuant à consulter et répondre aux sms, conversations WhatsApp ou mails qui arrivent régulièrement, écouter les nouvelles ou des playlists.
Une envie d’un petit café, il suffit de descendre dans le carré se faire un expresso tout en surveillant la route par les hublots panoramiques.
Et le soir au mouillage la connexion internet des ports ou du smartphone permet d’allumer l’ordinateur et de gérer les affaires courantes avant de partager apéritif et dîner ou « sortir en ville ».
Un radiateur électrique, quand il fait froid, 2 glacières dont une électrique pour conserver les aliments et surtout avoir de l’eau bien fraîche pour l’apéritif anisé du soir 😊
Trop idyllique le tableau ? Oui bien sûr car durant cette croisière, nous aurons tout connu… sauf la neige.
Au début, le froid et la pluie, puis au retour la chaleur. De nombreux coups de vent, avis de grand frais et BMS. Des navigations toniques sous toile réduite avec du 20 à 25 nœuds. De la grosse houle au portant assez inconfortable. Mais aussi quelques moments de « pétole » encore plus éprouvants que les surfs à plus de 8 nœuds sur des vagues venant de l’arrière.
Le but n’est qu’un prétexte à partir. La croisière est un tout, faite de navigations et d’escales
La navigation ? Nous en avons eu pratiquement tous les aspects et tous… les plaisirs
Les escales ? Elles ont été nombreuses bien qu’imposées, mais riches en découvertes et en partage.
Plus que jamais l’adaptabilité qui est au cœur même de nos sorties a été présente. Chaque soir, à la « réunion des équipages », on étudie la météo des jours à venir, les options de route, les souhaits des skippers et on prend sa décision.
Dans le planning initial les Sables d’Olonne étaient atteints en 9 jours. Dans la réalité nous y sommes encore au 18ème, dont 11 jours de relâche à l’abri dans des ports pour cause de coups de vent. Nous en essuierons six sur cette période. A l’impossible nul n’est tenu. Notre objectif initial s’éloigne, alors nous nous rappelons ce proverbe chinois :
« L’important n’est pas le but, mais le chemin. »
Il faut commencer à remonter. Le vent nous entend alors et décide de nous aider en virant à l’est.
Finalement en un mois de croisière, nous aurons parcouru 360 milles nautiques (667 kilomètres).
Deux solitaires sur deux voiliers ? Pas tant que ça, une vingtaine d’amis ou d’adhérents nous ont soutenu quotidiennement par sms ou appel téléphonique, une dizaine d’entre eux venant même nous faire la surprise d’une visite à certaines escales.
Et la récompense finale quand le 30ème jour, une fois passé le môle du port de Kérity, le son des 2 binious d’Hélène et de Philippe commencent à nous parvenir pour s’amplifier au fur et à mesure que BRIDAN et ENAWEN se rapprochent du quai.
Belle aubade, merci.
Michel (sur ENAWEN)
Bonjour,
très belles photos.
Ça donne envie.
Bises à Michel
Viviane (cousine)